La vie amoureuse des personnes âgées : encore des tabous ?
En partenariat avec LES PETITS FRÈRES DES PAUVRES
En partenariat avec LES PETITS FRÈRES DES PAUVRES
La Saint-Valentin arrive dans quelques jours : c'est l'occasion de se pencher sur la vie affective et intime de la jeunesse. Que signifie l’amour pour les jeunes ? Comment instaurer un dialogue avec eux ?
L’amour est un sentiment universel mais perçu différemment selon l’âge, le sexe ou l’expérimentation. Chez les jeunes de plus de 13 ans, l’amour et la sexualité reposent sur trois notions qu'observe Marine Lambolez, doctorante en sociologie au centre Max Weber : certains adolescents perçoivent l’amour comme un rêve lointain, un idéal à atteindre accompagné d'un mariage et d'une grande maison peuplée d’enfants et d’animaux. La deuxième est un rêve concret s’inspirant de l’amour de leurs grands-parents ou de leurs parents et enfin, certains jeunes ont une représentation toxique de l'amour et du couple.
La volonté d’avoir un partenaire jaloux et possessif qui fait ressentir une appartenance à l’autre peut susciter une certaine excitation de cette vision amoureuse. "Il ne faut pas romancer l’amour toxique", témoigne Marine Lambolez qui revient notamment sur la représentation culturelle de l'amour dans l'audiovisuel. De nombreux films et séries utilisent ce sentiment comme fil conducteur de leurs scénarios. Quand certaines séries parlent ouvertement d’amour et de sexe sans omettre la notion préventive, comme la série Netflix Sex Education, d’autres ont tendance à romancer l’amour nocif entre deux partenaires, comme pour le film 50 nuances de Grey réalisé par Sam Taylor-Johnson. Selon Marine Lambolez, il y a une réelle nécessité à différencier le fictif du réel, car la toxicité peut être l’objet de fantasme chez certaines personnes mais est vouée à l’échec.
La sexualité suscite encore des débats et des stéréotypes entre l’ancienne et la nouvelle génération. "Les jeunes ont l'impression que les adultes voient leur sexualité comme irresponsable et sale", observe Annamaria Colombo, professeure et chercheure à la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale. Trop souvent minimisé, le sexe chez les jeunes est pourtant un vrai sujet qu’il ne faut pas hésiter à aborder. "La sexualité, ce n'est pas un monde à part et ça peut commencer dès l’enfance avec la représentation que se fait l’enfant du corps et de l’amour", ajoute-t-elle. Annamaria Colombo insiste sur l’importance de faire du sexe un sujet comme un autre, et d’instaurer le dialogue parents-enfants.
Dans l’esprit de certaines personnes, le sexe demeure tabou et des adultes ont une vision stéréotypée du rapport sexuel chez l'adolescent. Beaucoup ne comprennent pas ce changement intergénérationnel sur la perception de l’amour et de la sexualité. La parole autour du sexe s’est pourtant démocratisée ces dernières années, les mœurs ont changé, et se préserver jusqu’au mariage ne fait plus l’unanimité. "Aujourd’hui, la plupart des jeunes ont une vision éveillée sur le sexe et souhaitent s’expérimenter sans forcément attendre la bonne personne" avoue Marine Lambolez.
Le tabou autour du sexe reste ancré particulièrement dans la religion où l’acte sexuel avant le mariage est souvent considéré comme un pêché. Pour Micheline, une auditrice de l'émission, l'austérité autour du sexe qu’elle a vécue dans sa jeunesse a été assez traumatisante. "Je suis ravie que l’Église évolue sur ce sujet, car quand j’étais jeune, elle culpabilisait le sexe, et j’avoue que ça a impacté ma vie amoureuse". Cécile quant à elle, a vécu dans une famille judéo-chrétienne où les rapports sexuels n’étaient même pas envisageables avant 18 ans. "Maintenant, j’ai des enfants et j’essaie d’établir le dialogue et de laisser mes enfants ressentir des émotions", affirme l’auditrice.
"Il faut instaurer le dialogue" proclame Marine Lambolez. Elle a l’habitude d’interroger des adolescents de 13 ans sur leur rapport à l’amour et tous sont unanimes sur le fait qu’il n’y a pas assez de discussions autour de ça. Certains ados veulent par exemple découvrir leur sexualité avant le mariage et l’expérimenter comme ils le souhaitent. Ouvrir le débat amènerait ainsi les jeunes à s’autonomiser et prendre conscience des risques autour du sexe.
"Il y a un malaise entre les générations, il faut donc trouver un adulte de confiance à questionner", renchérit Marine Lambolez. Elle explique que les adolescents ont tendance à se rendre sur internet pour trouver des réponses et ce n’est pas la meilleure des façons car le sujet est traité dans sa généralité et pas de manière personnelle.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !