Pays de Savoie
Le 10 février dernier, les chercheurs du laboratoire savoyard Edytem dévoilaient les résultats de leur dernière étude sur l’érosion des sols dans les Alpes. Le constat y est clair, l’activité humaine est, depuis des millénaires, sur notre territoire, le principal facteur de dégradation des terres.
L'Organisation des Nations Unies estime que l’équivalent d’un stade de football est érodé dans le monde toutes les cinq secondes. S’il est assez aisé de se représenter l’ampleur du phénomène, il reste plus compliqué, en revanche, de comprendre quelles sont les conséquences.
L’érosion est l’élimination de la couche supérieure et fertile des sols. “Les sols sont l’une des ressources principales de notre société” explique William Rapuc, chercheur contractuel au CNRS et cosignataire de l’étude Edytem. “C’est sur cette zone, que l’on appelle aussi la zone critique, que l’on développe nos activités, notamment notre agriculture et c’est aussi le support de la vie sur terre”. Un sol érodé ne parvient plus à conserver l’eau, est davantage sensible aux glissements de terrain et moins à même de limiter ou de s’adapter au changement climatique.
L’étude du laboratoire Edytem vient couronner près de 20 ans de recherches de l’Université Savoie Mont Blanc au sujet des sols, la principale question étant “quels sont les principaux facteurs de l’érosion ?”
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont prélevé une carotte de sédiment dans le lac du Bourget afin de l’analyser. “C’est une carotte qui couvre à peu près 10 000 ans” détaille William Rapuc. “On a pu retracer les sources d’apports de sédiments et faire la part entre ce qui venait des zones de très haute altitude (...) où l’homme n’avait pas pu avoir d’effet sur l’érosion, et le reste du bassin-versant”.
La conclusion est claire, si le climat (vents, eau..) a longtemps été la principale cause de l’érosion de sols, depuis 3 800 ans, c’est l’activité humaine qui conduit à une dégradation des terres.
Si les campagnes de reboisement et les techniques agricoles plus innovantes ont permis de faire baisser le taux d’érosion dans les Pays de Savoie à partir de la fin du XVIIIe siècle, les risques ne sont pas pour autant écartés. Cette étude fait donc également office de ressource sur laquelle se baser pour penser les activités humaines à l’avenir. “Se baser sur une gestion raisonnée du territoire, en n’allant pas vers des activités humaines où on remobilise, déforeste et met à nu les sols” est primordial, selon William Rapuc. “Il faut prendre en compte ces notions afin de mieux faire à l’avenir".
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