Est-il raisonnable de faire des enfants en 2022 ?

Faire des enfants ou pas ? 

La question est volontairement provocante. Alors qu’aujourd’hui on tente de faire concilier écologie et démographie, faire des enfants a-t-il encore un sens ? Cette médaille de l’enfance et des familles, que l’on distribue à la mairie aux parents ayant fait le choix d’élever quatre enfants ou plus ne devrait-elle pas être décernée aux parents ayant fait le choix de l’enfant unique, voire aux couples ayant choisi de ne pas avoir d’enfants du tout ? Aujourd’hui, de nombreux jeunes couples se questionnent à ce sujet.

 

Pour en parler, Anne Henry donne la parole au père Laurent Dubrulle, délégué épiscopal à la pastorale familiale du diocèse de Lille. Pour ce dernier, "notre monde sombre un peu dans le pessimisme face à l’optimisme, qui n’enlève rien à la lucidité, mais qui reste un choix et qui relève donc de la liberté". Entre l’optimisme et le pessimisme, il y a parfois l’indécision. D’après une récente étude international, quatre jeunes sur dix, âgés de 16 à 25 ans, hésitent aujourd’hui à avoir des enfants.

 

L'importance de la responsabilité

"Depuis trois ans, lors des préparations au mariage, cette question revient. Inévitablement. De plus en plus. La réponse n’est pas encore tranchée, mais la question se pose. C’est là où la position que j’ai, celle de pasteur, c’est d’éclairer les consciences, et non pas de dire c’est bien ou c’est mal. On entend les questions, mais c’est votre réponse qui importe. Eclairons les éléments pour cette réponse" ajoute le père Laurent Dubrulle.

 

D’autant plus que cette question peut, sous certains aspects, paraître opposée à certains éléments de la vision de l’anthropologie chrétienne. "L’un des éléments de l’anthropologie chrétienne, c’est la responsabilité. Se poser la question est bien du point de vue de la responsabilité. Mais réduire la réponse en se disant que ne plus avoir d’enfants, c’est bon pour la planète, ne répond pas à l’appel de l’Evangile, qui est plutôt faites de vos vies une création de vie" répond le père Laurent Dubrulle.

 

Rester lucide face aux enjeux du monde

Une responsabilité que l’on retrouve également dans le discours de l’Eglise sur la préservation de la création, notamment depuis Laudato Si’. Là encore, le père Laurent Dubrulle en revient à la responsabilité, et à l’appel de Dieu. "Ce n’est pas parce que nous avons envisagé au moment de se marier d’avoir quatre enfants que nous aurons forcément quatre enfants. Chemin faisant, écoutons ce que Dieu nous dit, ce que notre conscience nous dit" lance-t-il sur RCF.

 

Derrière ce questionnement, note le père Dubrulle, se cache cependant un pessimisme sur l’avenir de l’humanité. "La foi chrétienne nous propose d’être lucide. Le défi écologique est immense. Répondons à ce défi là, mais pas avec l’unique réponse de se dire que c’est en se fermant à l’ouverture de la vie que l’on fera un monde meilleur" conclut le délégué épiscopal à la pastorale familiale du diocèse de Lille.