Inflation : un investissement fort et rapide du gouvernement est nécessaire
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
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Comme chaque année le 31 mars marque la fin de la trêve hivernale et la reprise de l’angoisse des expulsions pour les personnes en impayés de loyer ou hébergées. Et nous craignons de voir se multiplier les remises à la rue jusqu’à l’été.
Pour les personnes sans domicile, la trêve est synonyme d’une baisse de proposition de place d'hébergement déjà insuffisante. Nous craignons un retour des capacités d’hébergement à moins de 190.000 places, alors qu’actuellement 204.000 sont ouvertes, et accueillent notamment 70.000 enfants.
La fin de la trêve hivernale touche à la fois des personnes sans domicile, mais aussi des personnes fragilisées dans leur logement. Quand les coûts de l’énergie, du logement, de l’alimentation s’envolent, cela se ressent fortement sur leur faible budget. Cela se traduit d’abord par des privations de chauffage, de nourriture.... Et quand ce n’est plus possible de faire autrement, par des impayés. Généralement, le dernier à apparaître est l’impayé de loyer. Les gens sont conscients des risques de se retrouver à la rue et des conséquences dramatiques que cela engendre pour leur famille. Nous le savons une fois dans la rue, c'est un parcours du combattant sur plusieurs années pour en sortir car la rue brise les personnes, physiquement et moralement.
La perspectives des Jeux olympiques n’arrange pas les choses. La préparation des grands événements sportifs de 2023 et 2024, en particulier en Île-de-France, a commencé. Les hôteliers qui font de l’hébergement social résilient leur convention avec l'État afin de pouvoir rénover et accueillir des touristes.
En parallèle à cela, nous sommes très inquiets de la proposition de loi Kasbarian-Bergé. Son
adoption risque de faire basculer les personnes plus rapidement dans l’expulsion locative, en
raison des délais de procédure réduits qui viennent court-circuiter tous les mécanismes de
prévention existants et qui n’avaient pas été simples à obtenir. Cette proposition de loi s'appuie sur 124 cas de logements privés dont les propriétaires n’arrivent pas à déloger les occupants.
Au Secours catholique nous ne nions pas la détresse et les conséquences pour les propriétaires lésés, qui souvent ont besoin de ce revenu pour payer d’autres frais. Cependant il nous semble injuste de faire une loi pour répondre à une poignée de cas complexes qui se sont majoritairement résolus au cas par cas. De plus, la proposition de loi ne pénalise pas que le squat de domiciles, mais plus généralement de tous les logements vacants, et aussi de bureaux, friches industrielles ou agricoles. Cette loi précarise davantage des milliers de personnes déjà dans des situations fragiles alors que le logement est un prérequis à de nombreux droits. Sachons trouver des solutions adaptées à l’échelle des problèmes.
Nous demandons le retrait de la proposition de loi. Car nous pouvons répondre autrement aux besoins. À l’heure où les personnes sont confrontées à l’inflation et où les centres d'hébergement d’urgence sont saturés, la proposition de loi se trompe de cible en portant atteinte aux droits des personnes les plus vulnérables. Collectivement, nous pouvons trouver des solutions humaines qui respectent la dignité de chaque personne. De nombreux services ou associations s’y emploient aujourd’hui en France, alors ne réduisons pas leur travail à néant et continuons d’humaniser nos régions et territoires grâce à l’accompagnement des personnes, pour permettre l’espérance d’un monde meilleur.
Pour aller plus loin :
> Fin de la trêve hivernale : "Nous craignons des remises à la rue jusqu'à l'été"
> Emmanuelle Wargon rend public le premier bilan de l'observatoire des squats
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
> La Chronique du Secours catholique
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