Grand Est
L’eau et le numérique sont deux enjeux majeurs pour notre planète. Quels sont leurs impacts environnementaux respectifs et quelles solutions peut-on envisager pour limiter leur pollution et préserver les ressources naturelles ?
L’eau et le numérique : deux thématiques qu'on pense éloignées, mais pourtant intimement liées dans le cadre de la transition écologique. L’un est une ressource de plus en plus précieuse, l’autre un secteur en pleine expansion, générant des impacts invisibles mais bien réels sur notre environnement.
Comment concilier les impératifs de gestion durable de l’eau avec un numérique toujours plus énergivore et polluant ? Ces questions, cruciales pour l’avenir de la planète, sont au cœur du travail de Juliette Duquesne, journaliste indépendante spécialisée dans les enjeux économiques et environnementaux.
A travers ses enquêtes et conférences, elle propose de mettre en lumière les défis à relever et les solutions possibles pour réduire notre empreinte écologique, tout en adaptant nos modes de vie aux nécessités d’un monde en pleine mutation.
L’eau, ressource essentielle à la vie, se fait de plus en plus rare dans certaines régions de France. C’est notamment le cas dans l’Aude, département particulièrement vulnérable aux sécheresses, et choisi par Juliette Duquesne pour aborder les enjeux liés à cette ressource. “L’impact du changement climatique est déjà mesurable. Certaines régions, comme le pourtour méditerranéen, connaissent de plus en plus de sécheresses. À l’échelle mondiale, le cycle de l’eau se modifie, avec des zones marquées par une forte pénurie”, souligne la journaliste.
L’enjeu est de taille : face à cette crise, il est nécessaire de repenser la gestion de l’eau. “Le modèle agricole, particulièrement la question de l’irrigation, est un élément clé. Avant 2006, les vignes méditerranéennes n’étaient pas irriguées, aujourd’hui elles le sont presque toutes. Nous devons accepter un modèle plus sobre, pour ne pas perturber davantage le cycle de l’eau”, ajoute Juliette Duquesne.
Pendant plus d’un an, la journaliste a mené une enquête approfondie sur le sujet. “J’ai interrogé près de 70 personnes : chercheurs, agriculteurs, représentants d’acteurs privés et publics comme Veolia et Suez, pour comprendre comment la gestion de l’eau est pensée dans notre société”, explique-t-elle. Au-delà de la gestion de la ressource en elle-même, le lien avec l’agriculture et l’alimentation est fondamental. “Ce que nous mettons dans notre assiette a un impact direct sur l’utilisation de l’eau. C’est une question centrale pour la transition écologique.”
Si l’eau est au cœur de l’urgence environnementale, le numérique n’est pas en reste. “Le numérique est souvent perçu comme immatériel, mais il génère en réalité des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d’énergie, d’eau et de métaux rares. Il représente à lui seul 40 % des émissions des gaz à effet de serre”, souligne Juliette Duquesne. Loin d’être un secteur neutre, l’industrie numérique est responsable de nombreux impacts environnementaux, dont beaucoup échappent à notre perception.
En effet, la fabrication des équipements électroniques, qu’il s’agisse de téléphones, d’ordinateurs ou de serveurs, engendre une pollution majeure, souvent ignorée. "C’est la fabrication des appareils qui a le plus grand impact écologique, représentant 60 % des émissions liées au numérique en France", précise la journaliste. De plus, ces produits dépendent de métaux rares extraits dans des conditions environnementales dramatiques, souvent loin des préoccupations occidentales. "Il est donc crucial de s’interroger sur notre dépendance à ces ressources et sur le modèle d’approvisionnement mondial qui se profile. Certaines matières premières nécessaires à la fabrication des équipements pourraient se raréfier dès 2030", prévient Juliette Duquesne.
Loin d’être des problématiques isolées, les enjeux de l’eau et du numérique sont profondément interconnectés. "Les solutions pour l’eau et la pollution numérique ne peuvent pas être dissociées. Elles s’inscrivent dans une même logique de sobriété et de transition vers des modèles plus durables", insiste Juliette Duquesne. La gestion raisonnée de l’eau, par exemple, passe aussi par une meilleure prise en compte de l’empreinte écologique des technologies que nous utilisons au quotidien. En prenant soin de l’eau, de l’agriculture et des ressources numériques, il est possible de mettre en place les bases d’une transition plus juste et plus respectueuse de notre environnement.
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