Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du magazine Kaizen nous parle du rôle des femmes dans l’écologie à travers ce l’on appelle l’écoféminisme.
Il existe une injustice environnementale entre les sexes. Les femmes sont par exemple beaucoup plus vulnérables face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles. L’ONU estime en effet que 80 % des personnes déplacées par les catastrophes naturelles et les changements climatiques dans le monde sont des femmes et des filles.
Car dans de nombreuses régions du monde, les femmes sont souvent au cœur de la gestion de l’environnement qui les entoure, à travers la culture des champs, la collecte de l'eau, des plantes ou de bois de chauffage ou l'utilisation des terres pour le bétail. Elles interagissent quotidiennement avec les ressources naturelles. L'écologie est donc aussi une question féministe puisqu’elles sont les premières impactées par la crise environnementale.
Lorsque les luttes convergent vers ces deux thématiques on parle d'écoféminisme. Ce courant philosophique et politique est considéré comme un nouvel humanisme, représenté par des femmes qui défendent leurs droits et ceux du vivant. En Europe, les écoféministes se mobilisent beaucoup contre le nucléaire, les problèmes de santé liés à l'environnement, et pour la sécurité alimentaire. Ailleurs dans le monde, des collectifs de femmes s'opposent surtout à l'extractivisme minier, à l'artificialisation de l’agriculture, au brevetage des semences et du vivant.
Ces militantes rejointes par quelques militants hommes aussi, proposent des solutions pour sortir des dérives du système capitaliste en inventant de nouveaux modèles de cohabitation entre femmes et hommes, entre pays du Nord et pays du Sud, entre humains, animaux et végétaux : des modèles plus horizontaux, plus solidaires et plus égalitaires. En Europe, elles impulsent des mouvements de décroissance, de retour à la terre, la création de communautés mixtes, plutôt autogérées et autosuffisantes, qui mettent l'accent sur l'égalité entre femmes et hommes et la préservation de la nature. Un peu comme des écolieux. Les agronomes ont aussi montré que beaucoup de nouvelles exploitations en agriculture biologique sont l'initiative de femmes.
On pourrait dire à partir de deux grands principes de base : le premier consiste à bousculer la société actuelle, en proposant comme le souhaite la militante américaine Starhawk, de passer de la pyramide au cercle. Car cette écoféministe a remarqué que la plupart des organisations dans lesquelles on vit : l'État, l'école, l'entreprise, la famille parfois, sont construites sur le modèle d'une pyramide qui hiérarchise. Elle propose donc de travailler en cercle, de manière plus horizontale et égalitaire.
Le deuxième principe invite quant à lui autant les femmes que les hommes à rester connectés à eux-mêmes, à leurs émotions et à leurs intuitions. Avec l’idée que ces dimensions plus spirituelles ne sont pas les ennemis de la rationalité, et qu’elles permettent une meilleure connexion à la nature, contribuant ainsi au bien-être durable des personnes, des communautés et des écosystèmes. Un écoféminisme donc où l’homme n’est ni l’ennemi de la femme, ni l’ennemi de la nature, mais un partenaire égal qui prend soin du vivant.
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