Le solaire au service de l’agriculture et compatible avec une activité agricole, c'est le défi que se lancent certains agriculteurs et entreprises du renouvelable. GLHD fait partie de ces sociétés innovantes présentes au SPACE (le salon international de l’élevage). Anaïs Plumer est cheffe de projet et coordinatrice régionale pour la Bretagne, elle revient sur cette nouvelle pratique en développement.
Chez GLHD vous proposez quelle technologie aux agriculteurs et éleveurs ?
On accompagne des agriculteurs et des collectifs d'agriculteurs dans de la diversification de projets agri voltaïque. L’objectif de l’agrivoltaïsme, c'est de pouvoir combiner, sur une même parcelle, une production agricole prioritairement et ensuite une production énergétique; en l'occurrence une production solaire. Ces installations vont leur permettre de répondre à des contraintes agricoles. Ça peut être des contraintes liées à la baisse de rendement, ça peut être des contraintes liées aux besoins de transition agricole; par exemple : devoir baisser des entrants sur les zones de captage. On leur explique que ces panneaux surélevés vont rendre service à leur agriculture et vont assurer sa pérennité.
Justement, quels sont les atouts de l'agrivoltaïsme ?
Les atouts de l’agrivoltaïsme sont multiples en fonction de l'exploitation. Dans le cadre de l'élevage, ça peut être l'amélioration du bien-être animal grâce à une protection notamment pour les moutons avec de l'ombrage. Dans le cadre de la culture ça permet une baisse de l'évapotranspiration. Concrètement, ça veut dire qu'on va avoir de l'eau présente dans les sols et dans les plantes un peu plus longtemps. Ça permet de limiter les conséquences des sécheresses. L'avantage des technologies solaires aujourd'hui c’est qu’elles sont robustes, simples, performantes, durables et la production énergétique sur le long terme est assurée.
L'agrivoltaïsme représente-t-il des freins ou des contraintes pour les agriculteurs ?
L’agrivoltaïsme représente un véritable marathon. Pour développer un projet agri-voltaïque il faut compter en moyenne 5 ans de développement. Des études d'impact sur l'environnement sont nécessaires. On effectue un suivi sur toute une saison pour connaître la faune et la flore présente. On prend en compte tous les aspects paysagers et patrimoniaux. C'est crucial de développer des projets avec le territoire et de territoire. Chez GLHD on fait les choses avec les acteurs du territoire. Les phases de concertation peuvent donc être longues et c'est beaucoup de dossiers à monter. Il faut parfois adapter ses équipements et machines au nouveau projet agricole. Et autre élément : l’exploitation ne bénéficie pas de l'énergie produite, elle est destinée au réseau.
Donc vous faites du sur-mesure ?
Il n' y a pas chez nous de projet clé en main. On vient vraiment répondre aux besoins des agriculteurs et avant tout aux besoins agricoles. On adapte l’installation en fonction de quelle agriculture et exploitation ils souhaitent. On vient construire autour de leur projet et de la typologie des terrains. Dans la région on a pas tout à fait les mêmes terrains qu'ailleurs. Ici en Bretagne c’est des parcelles de petites tailles donc on adapte, et on fait des plus petits projets bien intégrés sur le territoire. On travaille avec les agriculteurs sur 2 ans d'études pour s'assurer que la technologie réponde à leurs besoins. S'ils nous demandent par exemple, de pouvoir passer une moissonneuse batteuse sur leurs cultures, on met en place un écartement suffisant entre les tables et une hauteur suffisante pour qu’ils puissent passer sur leur parcelle agricole.
On adapte aussi la hauteur des panneaux pour qu’ils puissent faire face aux aléas des tempêtes.
Vous accompagnez combien d'exploitations aujourd'hui en Bretagne ?
Aujourd’hui on accompagne deux exploitations dans le Finistère. Une qui est en projet d'agneaux d'engraissement avec une bergerie. Et un autre projet qui est également sur de l'engraissement d'agneaux mais avec un atelier supplémentaire de culture. Ils ont également une réflexion autour du porc. Leur objectif est de valoriser le petit lait qui est fait à la ferme pour pouvoir engraisser directement le porc sur l'exploitation et ainsi créer un circuit court.
Y'a - t - il des contrôles pour s’assurer de la production agricole ?
On entend parler d’agrivoltaïsme et de centrale photovoltaïque compatible avec une activité agricole depuis de nombreux mois, mais il n’y avait pas de définition légale jusqu’ici. La loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables de mars 2023 ainsi que le décret du 8 avril 2024 donne désormais un cadre à son développement. De plus, la Chambre d’agriculture de Bretagne, via un récent document intitulé : « Le développement du photovoltaïque en Bretagne » défend une vision raisonnée et encadrée du déploiement du photovoltaïque, sans jamais porter atteinte à la vocation agricole des terres. Dans cet objectif, il va y avoir des contrôles. En revanche, ils sont en cours de définition parce qu'ils sont actés dans le décret de cette année. Il va falloir encore un peu de temps pour que ces derniers se mettent en place . Ces contrôles vont assurer qu'il y a au moins 90 % du rendement qui est fait sur les parcelles en agrivoltaïsme par rapport à une parcelle témoin qui doit avoir les mêmes caractéristiques.
Et tout ça, ça a quel coût pour les agriculteurs ?
Monter le projet agri-voltaïque ne leur coûte pas d’argent.
Ils y gagnent une sécurité financière qui peut leur permettre d’investir sur des engins agricoles ou bâtiments agricoles.
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