Sans vouloir rentrer dans des détails trop technocratiques, il me paraît important d’alerter sur le nouveau report de ce projet de loi dont nous entendons parler depuis 2018 et le mouvement de grève dans les EHPAD. Enfin, quand je dis depuis 2018, je devrais plutôt dire en réalité depuis 2007. À l’époque, souvenez-vous, il s’agissait d’une promesse de loi sur la dépendance du président Nicolas Sarkozy. Des groupes de travail avaient été lancés, les Petits Frères des Pauvres y avaient d’ailleurs participé et tout a été stoppé en 2011 faute de moyens budgétaires.
Près de 15 ans après, rebelote, on nous promet une grande loi pour faire face au vieillissement de la population et pour permettre aux personnes âgées d’avoir des conditions de vie satisfaisantes jusqu’au bout de la vie. Groupes de travail, consultation citoyenne, concertations avec tous les acteurs du champ du médico-social et du social, rapports nombreux, trop nombreux ? Je crois qu’on en est à cinq, et en janvier, le porte-parole du gouvernement annonce le report du projet de loi, je cite "dès lors que nous serons parvenus à maîtriser l’épidémie et la crise sanitaire". Bien évidemment, on imagine qu’à l’approche des élections de 2022 et avec une date de sortie de crise sanitaire totalement incertaine, on n’est pas près de la voir cette loi ! Alors, vous pourriez me dire, et vous auriez raison, "les promesses n’engagent que ceux qui les croient" mais en tout état de cause, cet énième report n’est pas un signal fort envoyé aux millions de personnes âgées, ni à l’ensemble des Français.
La crise sanitaire a mis douloureusement en évidence les difficultés existantes du secteur des personnes âgées les moins autonomes, que ce soit en établissement ou à domicile. Mais au-delà des nécessaires améliorations des modèles proposés, que ce soit en termes de recrutement de personnel, d’attractivité des métiers du soin aux aînés, c’est tout l’écosystème de prise en charge du Grand Âge qui est à revoir en profondeur. L’écueil serait de continuer à faire ce qui est fait depuis ces dernières années, des petits bouts de loi, des modestes réformes qui traitent uniquement les problématiques par le prisme de la santé, sans tenir compte des évolutions démographiques et sociétales.
Pour améliorer rapidement et efficacement la vie des vieux d’aujourd’hui et de leur entourage, mais aussi celle des futurs vieux de demain, c’est-à-dire, moi, vous et à plus longue échéance nos enfants et petits-enfants, un sursaut de courage politique est nécessaire. Nous l’appelons de nos vœux.
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