L’océan, c’est à la fois sa maison et son combat. A 30 ans, Louise Ras, franco-américaine, dédie sa vie à la sensibilisation du grand public et à la protection de cette vaste étendue bleue, notamment au travers de l’association Sailing Hirondelle qu’elle a cofondé en 2019. Anne Kerléo, de l’émission Commune Conversion, a rencontré cette navigatrice engagée sur sa goélette au large du Finistère, pour parler de l’importance des océans dans la résilience climatique.
"Quand j’étais petite je voulais devenir plongeur poète, plonger dans les océans et écrire ce que je voyais. Il y avait toujours cette envie de créer du lien que ce soit au travers de l’interface, de la recherche", sourit Louise Ras. Aujourd’hui, c’est chose faite puisque celle qui a grandi de l’autre côté de l’Atlantique, parle au quotidien de l’océan. Au gré de ses expéditions de plusieurs mois sur les mers, elle constate et relate les changements engendrés par le dérèglement climatique.
Jusqu’à présent, l’océan joue un formidable rôle de "tampon", en absorbant le gaz carbonique généré par l’activité humaine. "Dès qu’il y a du brassage, comme une tempête, il y a de l’air qui ramène du CO2 dans l’océan, et plein de petits animaux vont l’utiliser pour s’alimenter", simplifie Louise Ras. Mais cela n’est pas sans conséquence sur la vie de certaines espèces sous-marines comme les coquillages ou les coraux, abîmées par l’acidité. Et cet écosystème fragile est déjà perturbé par le réchauffement de l’eau. "L’océan a déjà absorbé 93% du surplus d’énergie engendré par les activités humaines depuis la révolution industrielle. Donc si on ne perçoit qu’un changement d’un degré, c’est que l’océan a tout absorbé", précise-t-elle.
Aujourd’hui, la militante tire la sonnette d’alarme face à ce dérèglement climatique aux airs de bombe à retardement : "si on continue d’émettre massivement, cela va avoir des incidences beaucoup plus fortes parce que l’océan atteindra ses limites. C’est là où on va percevoir de manière plus tangible et dramatique les changements climatiques".
Consciente des enjeux écologiques, Louise Ras sait aussi la difficulté de faire comprendre l’ampleur du phénomène au grand public. "On voit que la plupart de la communication sur les enjeux environnementaux se concentre sur des chiffres, des schémas. Donc on essaie de créer un électrochoc mais on oublie qu’une grosse peur, pour beaucoup d’animaux comme l’homme, cela peut donner soit l’envie de se battre, soit de s’enfuir", analyse-t-elle.
Pour faire réagir, il faut selon elle montrer l’impact direct du réchauffement climatique sur la vie humaine, en montrant les images des tempêtes Xynthia ou Katrina par exemple, plutôt qu’une image d’ours polaire sur sa banquise, illustre-t-elle. Mais à ses yeux, le mieux reste d’apporter "une issue de secours", autrement dit des solutions.
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