Mission Madacasgar : les jeunes de St Jo trouvent la simplicité avec le Père Pédro

Préparer le départ. 

 

C'est la 7e fois, qu’Eric Dubiel, enseignant au lycée professionnel St Joseph de Bourg-en-Bresse, emmène des élèves à Madagascar pour une mission humanitaire. Cette année, ils sont 8 lycéens de première informatique et 4 accompagnants à venir prêter main-forte à l'association Akamasoa. L’ objectif de la mission : équiper des écoles malgaches de salles informatiques. Pour ce faire, les élèves ont collecté 80 ordinateurs qu’ils ont réparé et remis en état avant de partir. 

Paul Morandat, bénévole de RCF Pays de l'Ain accompagne le voyage et a pu enregistrer la rencontre !

 

Une rencontre inoubliable…

 

A leur arrivée, ces jeunes motivés et solidaires ont été accueillis par le Père Pedro, fondateur de l’association Akamasoa. Connu pour son combat contre la pauvreté à Madagascar, le Père Pedro a longuement échangé avec les visiteurs Burgiens. C’est le sourire aux lèvres,  et avec beaucoup d’humour que le Père Pedro a initié la conversation par une remarque assez inhabituelle. 

 

Vous venez, je pense, d’une autre planète, l'hémisphère Nord ! Mais vous êtes dans l’hémisphère Sud maintenant. Dans ce voyage, vous êtes confronté à une autre vie, si simple, si sobre. 

 

Le Père Pedro insiste sur la simplicité avec laquelle vivent les Malgaches. Il explique à ses invités que leur hébergement n’a pas d’eau courante. A Madagascar, l’eau va se chercher loin, en ville, pour être partagée après.

 

C’est une vie beaucoup plus simple, mais pas plus malheureuse. Les Malgaches souffrent, mais ils ne manifestent pas leur souffrance. Ils ont un pouvoir d’encaissement incroyable. Je pense qu’à un moment donné, en Europe, il faudrait devenir un peu plus sobre dans tous les domaines.

 

Apprendre l’humilité.

 

Au cours de la discussion, le Père Pedro aborde les bêtises de l’Homme dans notre monde et son besoin d’être toujours meilleur que son voisin. Il insiste sur l’importance que l’Homme donne à l’aspect matériel de ses actes. 

 

Un proverbes malgaches dit “C’est l’esprit qui fait la personne, ce n’est ni l’argent, ni le matériel, c’est son esprit”. Tout le monde parle pour diviser, s’enfermer, dire “je suis plus fort, plus noble que vous”. Mais en réalité, on est tous noble, car c’est Dieu qui nous a créés. Nous sommes de la race de Dieu. Et Jésus a dit “Nous sommes tous frères et sœurs”. Mais si vous regardez, les Nations Unies, elles, ce n’est qu'en 1948, qu’elles ont affirmé que tous les êtres-humains sont libres et égaux. Tous les pays ont signé, mais aucun ne l’a appliqué.

 

Investir dans la Paix plutôt que dans la guerre !

 

Durant leur discussion, le Père Pedro aborde de nombreux sujets, dont un qui l'attriste tout particulièrement : le conflit russo-ukrainien. Il a d'ailleurs écrit une lettre au Président de l’Etat Russe, Vladimir Poutine, deux jours après le début des attaques contre l’Ukraine. 

 

Les premières attaques ont eu lieu le 24 février au matin et le 25 au soir, j’écrivais une lettre à Monsieur Poutine. Quand j’ai vu tout ce qu’il bombardait, je n’ai pas pu dormir. Deux pays frères, deux pays Chrétiens… Le lendemain, j'ai regroupé des Français qui ont partagé ma lettre sur les réseaux sociaux. Je suis Slave comme Poutine. Je lui ai demandé pourquoi il avait déclaré cette guerre. Pourquoi il envoyait ses jeunes tuer d’autres frères, alors qu’ils ne savent même pas pourquoi ils le font. Tout l'argent que l’on dépense pour les armes, pourquoi on le dépense pas pour faire des hôpitaux, des écoles, des routes ou chercher des forages d’eau ici ? 

 

Père Pedro demande aux jeunes en face de lui de ne pas oublier de “rester du Monde” lorsqu’ils seront aux commandes. 

 

Garder la foi : le secret du bonheur !

 

Le Père Pedro vit depuis plus de 50 ans à Madagascar. Et sa raison de rester, il la trouve dans la prière. Il partage d’ailleurs une anecdote sur ce sujet. 

 

Un homme est venu me voir me demandant de l’argent, une maison et un travail mais refusant ma foi. Mais, sans ma foi, je ne pouvais pas lui offrir ça. Quand je donne, je reçois en retour un talent, une joie ou peut être une vision que je n’ai pas. Et là, on s'enrichit mutuellement. On reçoit mais on donne aussi, et c’est ce dialogue qui fait que l’on est heureux. Je félicite l’Académie française pour avoir créé un mot qui n'existe qu'au pluriel : le mot heureux. Vous ne pouvez pas être heureux tout seul. Ce que je veux dire par là, c’est que si tu ne fais pas un pas vers autrui, comment pourras-tu être heureux ? 

 

Le Père Pedro conclut cet échange en abordant les problématiques de Madagascar mais aussi de nombreux autres pays de l'hémisphère Sud : la pauvreté, l’accès à l’éducation, à l’eau ou encore à la nourriture.

C’est un moment rempli de partage que les élèves et accompagnants du lycée professionnel Saint Joseph de Bourg-en-Bresse ont pu vivre aux côtés du Père Pedro, un homme rempli de sagesse et d’humilité. Il incarne l’espoir des plus démunis.

Les élèves en sont ressortis grandis et prêts pour relever leur défi humanitaire, durant les 15  jours de la mission, et sûrement pour toute leur vie !