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À l'école des sourciers : l'art de chercher l'eau

Un article rédigé par Anaïs Binghinotto et Melchior Gormand - RCF, le 21 janvier 2025 - Modifié le 21 janvier 2025
Je pense donc j'agisÀ l'école des sourciers : l'art de chercher l'eau

La sourcellerie est une pratique qui est loin de faire l’unanimité mais qui pourtant fascine. Lorsque l’eau manque, grâce à une sensibilité inexpliquée, les sourciers en trouvent dans nos sols. Équipés seulement d'une baquette, souvent en forme de Y, ils sont nombreux en France. Quels sont les dessous de cette mystérieuse discipline ? Une émission Je pense donc j’agis par Melchior Gormand.

©Bruno Capus©Bruno Capus

"On travaille dans l’invisible", relate Bruno Capus, sourcier et magnétiseur dans les Alpes-Maritimes. Mais pourquoi ce besoin de trouver de l’eau ? Gilbert Christmann, sourcier et président honoraire de Sourciers et géobiologues d'Europe indique que les particuliers ou les entreprises peuvent faire appel à lui car "l’eau devient rare et chère. Si la ressource est disponible et qu’on peut la capter, c’est bénéfique". Pour arroser son jardin, nettoyer du matériel agricole ou alimenter les pompes à chaleur, le sourcier peut être vu comme un "sauveur, car l’eau c’est la vie", affirme Gilbert Christmann. Une pratique qui divise encore beaucoup, au sein même de ceux qui la pratiquent.

La sensibilité, l'élément fleuve du sourcier

Être sourcier nécessite un don. Bruno Capus définit son métier comme "être sensible au passage des eaux souterraines. C’est cette énergie qui nous parle, nous percevons ce signal comme nous voyons le soleil et les arbres. Au final, on restitue cette image par les baguettes". Il affirme que ce don est "quelque chose que l’on ne peut pas expliquer". La sourcellerie est aussi une "forme de magie qui survient lorsque l’on voit l’eau jaillir", s’émerveille le sourcier, qui répond à un désir : aider les gens. Ancien pompier volontaire et bénévole à la Croix-Rouge, il soutient que pour lui, "le plus beau cadeau, ce sont les personnes qui pleurent de joie quand l’eau est là". Plus qu’un simple don, c’est une vocation pour beaucoup.

Bien qu’il faille une sensibilité pour exercer ce métier, il faut apprendre à l’utiliser. Pour cela, nul besoin d’aller à l’école des sourciers, la clé c’est de s'entraîner, selon Gilbert Christmann qui fait le parallèle avec le fait "d’apprendre à marcher, de faire avec ses ressources en écoutant et ressentant notre corps". Bruno Capus ajoute que les sourciers ont des "prédispositions qu’il faut éveiller, c’est un travail quotidien", précise-t-il.

Mais que serait un sourcier sans sa baguette ? La forme peut varier mais il s’agit souvent d’une longue tige en forme de Y. Bruno Capus révèle que "la baguette n’a pas de pouvoir". "On peut percevoir des choses même sans les baguettes", confirme son homologue. Elle tremble ou se tourne lorsque le sourcier trouve un point d’eau et devient le prolongement de son don. "Le plus important, c’est d’être à l’aise avec l’instrument", observe Bruno Capus. En bois, en plastique ou en acier, la baguette de sourcier se décline à l’image de celui qui l’utilise.

"On ne peut pas promettre de l'eau"

Lorsque l’on fait appel à un sourcier, le résultat n'est pas prévisible. "C’est une discipline du ressenti, ce n’est pas une science exacte", relate Gilbert Christmann. Il n’y a aucune règle qui encadre la pratique donc chacun exerce le métier comme il l’entend. Bruno Capus et Gilbert Christmann s’entendent sur une "transparence" face au client. Pour Bruno Capus, faire équipe avec un hydrogéologue "fait partie intégrante de mon métier". Je ne vais jamais sur un terrain avant d’avoir réalisé au préalable une étude hydrogéologique". Il sait donc s’il doit déconseiller à un client de réaliser un forage ou non. Lors de forages profonds et sans issue, ils décident ensemble d’arrêter ou de continuer. C’est une "alliance tripartite" entre le sourcier, l’hydrogéologue et le foreur.

"La transparence ça amène la confiance", assure Gilbert Christmann. "J'appelle les clients à la réflexion car j’ai déjà vu des personnes mettre toutes leurs économies dans une recherche d’eau", précise Bruno Capus. Le sourcier souligne que son "taux de réussite est de 90 à 95 %, il n’y a pas de fausses promesses, ça m’est déjà arrivé de me tromper". Bruno Capus alerte sur les charlatans. Pour lui, un mauvais sourcier "promet de l’eau" au client. "Personne ne peut garantir de l’eau", certifie-t-il, et de rajouter "on n’amène pas la pluie". Un sujet à prendre... avec des baguettes !

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
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