Depuis quelques années, le Liban s’enfonce dans les difficultés quotidiennes : coupures d’électricité, augmentation du prix de l’essence et de l’alimentation…Des familles, des étudiants, des malades se retrouvent en grandes difficultés. Pourtant au cœur de ce chaos, des religieuses s’engagent pour aider les familles à dépasser la précarité. Elles sont soutenues par l'Aide à l'Église en détresse.
En plein cœur de Beyrouth, Sœur Nora se penche sur son cahier de comptes. Elle égrène les dépenses réalisées pour les familles : électricité, gaz, eau pour les uns, internet, lots alimentaires, ou hygiéniques pour les autres, soutien à la scolarité pour les derniers. Chaque mois, Sœur Nora fait un point avec sa petite équipe d’assistantes sociales : quels sont les besoins de ce mois-ci pour chacune des 200 familles ? C’est du sur-mesure. « Les bénéficiaires n’ont plus de réserve, et tout est devenu très cher » explique Sœur Nora Daccache, religieuse au sein de la congrégation des Saints Cœurs. « Depuis 1975, la population libanaise a subi les guerres, l’occupation, et plus récemment l’inflation et la précarité » poursuit-elle.
Ces familles ont une grande foi, un attachement à Dieu, mais tout cela doit être traduit par des actes
Le pays qui n’a plus de président, est aussi touché par la corruption. L’explosion du port à l’été 2020 s’est ajoutée à la liste des drames. Le projet d’aide aux familles, guidé par sœur Nora est soutenu par l’Aide à l’Église en Détresse. « Ces familles ont une grande foi, un attachement à Dieu, mais tout cela doit être traduit par des actes. Nous sommes avec elles et à leur coté. Les familles nous disent elles-mêmes, votre présence, c’est providentiel, heureusement que vous êtes là ! ». Ici pas de distribution à l’aveugle, mais véritablement une aide matérielle et humaine. Un soutien spirituel aussi.
Pour connaître leurs besoins, l’équipe soutenue par l’AED visite les familles au quotidien. Un temps d’échanges, de rire, d’écoute. Nathalie, assistante sociale, part justement ce jour-là à la rencontre d’Elias père de quatre enfants. Angoissé et stressé par le climat d’incertitude qui pèse sur le Liban, Elias est atteint d’un zona, une éruption cutanée contagieuse à soigner au plus vite. Nathalie qui avait prévu une aide alimentaire, part aussi avec un matériel de soin.
Les habitants n’ont plus les moyens de payer
Dans l’escalier, pas de lumière. L’ascenseur ne fonctionne plus non plus. « Les habitants n’ont plus les moyens de payer » explique celle qui travaille au service des plus précaires depuis 23 ans. Une fois sur place, la conversation s’engage : mais si la plus jeune qui a 6 ans déclare qu’elle veut être docteur, le grand-frère de 16 ans va se révéler hémiplégique. Un état qu’il a déclaré il y a peu de temps, à la suite de fortes angoisses. Il veut quitter le pays.
Assise sur le canapé qui sert aussi de lit, la maman semble soulagée par l’aide et les encouragements de Nathalie. « On se sent tellement dépassée…Mais c’est vrai qu’on pense à Dieu, on se dit qu’Il est avec nous, on rend grâce, et on se plus fort ». A ses côtés son mari ajoute « On lutte. Nous n’avons rien mais nous luttons ».
D’autres visites suivront : l’une pour soutenir Christelle, lycéenne, et dont les parents n’ont plus assez d’argent pour payer les frais de scolarité dans l’école privée catholique où elle étudie. Puis une fratrie, avec deux sœurs en tres grande précarité, heureuses de recevoir une aide pour l’alimentation.
Il faut aller au-delà de sa propre fierté pour accepter de l'aide
Dans ce pays où les gens ont pris l’habitude de ne compter que sur eux-mêmes, il n’est pas si évident d’accepter de l’aide. « La crise économique nous oblige à changer de vie et à accepter de l’aide avec humilité. Il faut aller au-delà de sa propre fierté. Les familles qui souffrent sont celles qui n’osent pas demander » constate Sœur Nora. Dans ces circonstances, l’attention quotidienne, la prière, l’écoute sont devenus incontournables pour apporter une aide pertinente et indispensable.
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