Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) a été créé par l’État français en 2012 à la suite du Grenelle de l'Environnement. Ce label vise à promouvoir l’agriculture respectueuse de l’environnement selon un cahier des charges bien précis. Pourtant, un collectif d’associations spécialisées dans l'agro-alimentation biologique a saisi le Conseil d’État à propos de ce label pour y dénoncer une tromperie du consommateur.
Le label Haute Valeur Environnementale est le premier label saisi en justice car il ne serait pas réellement une garantie de produits écologiques. En effet, Julie Potier, directrice générale de Bio Consom'Acteurs affirme que "si le nom et le logo du label conduisent vers un imaginaire positif qui donne confiance, la certification ne s’appuie pas sur des critères si exigeants. C’est en cela que ce label est trompeur et vient semer la confusion". Jean-Claude Genêt, administrateur du Réseau Environnement Santé précise : "C’est trompeur car on parle de Haute Valeur Environnementale, mais les analyses montrent que le label n’a pas d’engagements réels sur les diminutions des pesticides. C’est la première fois que l’on passe au niveau juridique".
Un autre objectif de ce collectif est de mettre un terme au greenwashing : "C'est faire semblant que l’on est respectueux de différentes choses comme la protection de l’environnement avec notamment des logos qui vont informer et rassurer" explique Julie Potier pour qui cette méthode serait plus un outil de communication et de marketing qu’une véritable garantie de produits bios. C’est le problème des labels prétendument écolos que dénonce Philippe Camburet, président de la FNAB, la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique : "Les labels sont censés aider les consommateurs qui s’appuient sur les labels écolos". Ainsi, le label HVE serait "du vent, et de l’univers de la tromperie" pour reprendre les mots de Julie Potier.
Un des dangers principalement dénoncés à travers cette affaire est la présence des pesticides au sein des produits agro-alimentaires. "Ils ont un impact fort sur l’environnement et la santé" déclare Jean-Claude Genêt. La France serait le premier producteur et le premier consommateur de pesticides. Plus de 20 millions de personnes seraient atteintes de maladies chroniques comme le cancer ou le diabète dont les soins peuvent exiger près de 50 milliards d’euros par an. "Il faut donc réduire les pesticides pour retrouver le bon sens paysan" précise Philippe Camburet.
Changer de modèle, oui, mais à quel prix ? Jean-Claude Genêt constate "une distorsion de concurrence et un vrai problème de qualification au sein des exploitations agro-alimentaires. Le but que nous recherchons n’est pas d’attaquer les paysans mais de mieux les rétribuer pour qu’ils puissent vivre de leur activité. Cela permettrait de retrouver un monde paysan avec moins de consommation de pesticides. Il faut donc revoir l’organisation". Pour Julie Potier, la production bio suffirait à nourrir la planète : "le modèle productiviste, avec des pesticides, a seulement 50 ans. Avant, on s’est toujours débrouillé sans ces pesticides".
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