Nous allons donc avoir en 2022 des élections déterminantes pour la France, d’abord présidentielles les 10 et 24 avril puis législatives les 12 et 19 juin ! Ma conviction est que la nation française sera gagnante si le thème de la fraternité sera mis au cœur des débats politiques.
La France en effet, après l’épisode des Gilets jaunes et celui de la pandémie sanitaire, a besoin plus que jamais que la politique soit mise au service d’une plus grande fraternité et donc d’une meilleure convivialité entre les citoyens.
On a eu tendance ces dernières décennies à croire que l’horizon politique de l’Etat était, soit celui de la société sans classes, soit celui de la société sans barrières. Mais les gens de droite ont raillé l'Etat Providence qui accordait quantité de droits aux citoyens sans pour autant être capable de les rendre effectifs...
Tandis que les gens de gauche ont critiqué l'Etat libéral qui plaçait "le marché" au-dessus des personnes et de la protection de la nature, avec les résultats que l’on connaît. La vérité c'est que la défense de la liberté et de l'égalité ne peut être équilibrée que par le sens de la fraternité.
De fait, la reconnaissance de la dignité infinie de chaque personne permet d’équilibrer la liberté de choix par la liberté au service du bien commun. La fraternité aide ainsi à trouver les ressources de l'auto-limitation des besoins.
Elle permet aussi d'éviter une conception trop abstraite de l'égalité. La fraternité équilibre donc aussi le sens de l'égalité avec celui de la complémentarité. Longtemps on a cru que la fraternité était un sujet relevant de l'intimité de chacun et pas de l'Etat. C'est tout le contraire...
L'Etat doit veiller à ce que les citoyens soient protégés, soutenus, et capables d’accéder à l’autonomie... L'Etat n'est pas une simple machine de production de lois et de normes. La rationalité juridique ne fonctionne pas en circuit fermé. Elle doit être mise au service d'une ambition convivialiste comme le disent à la fois Alain Caillé et le pape François.
Antoine Arjakovsky est historien, directeur de recherche au Collège des Bernardins, directeur émérite de l'Institut d'études œcuméniques de Lviv (Ukraine). Son dernier livre : "Essai de métaphysique œcuménique" (éd. Cerf). Il nous livre son regard sur l'actualité chaque semaine dans la matinale RCF.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !