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Anne-Dauphine Julliand ajoute de la vie à ses jours après le décès de son fils

Anne-Dauphine Julliand ajoute de la vie à ses jours après le décès de son fils

Un article rédigé par Célia Baumann - RCF Lorraine Nancy, le 15 avril 2025 - Modifié le 15 avril 2025
Histoires de famillesLa vie après le suicide d'un fils

Dans son livre "Ajouter de la vie aux jours", Anne-Dauphine Julliand partage pensées et tranches de vie, pépites de l'existence qu'elle a cueillies depuis le suicide de Gaspard, son fils aîné. L'autrice est notre invitée à l'approche de sa venue à Nancy le lundi 10 mars 2025 pour une rencontre organisée par Familya Nancy et Le jour d'après.

Anne-Dauphine Julliand à la ©Maison Familya de NancyAnne-Dauphine Julliand à la ©Maison Familya de Nancy

Créer du lien avec autrui est une chose essentielle voire vitale pour Anne-Dauphine Julliand. Ces liens sont tissés à partir de rencontres qui peuvent être fortes ou passagères. Cela peut s’apparenter à prendre un verre avec une amie, mais aussi tout simplement à saluer la personne qui lui sert quotidiennement son pain. Avoir le moindre contact avec les personnes alentour, présentes d’une manière ou d’une autre dans son quotidien est important pour cette mère qui souhaite se sentir appartenir à l’humanité malgré le décès de trois de ses enfants. Ces épreuves de la vie l’ont plongée dans la douleur et la solitude, dont elle essaie de sortir en se reconnectant avec le monde extérieur. Elle précise toutefois qu’il est possible de créer du lien avec d’autres personnes mais aussi avec des objets dont la valeur peut être uniquement personnelle. Pour appuyer ses propos, Anne-Dauphine Julliand a évoqué une anecdote sur la carte d'identité de son défunt fils. Il s’est donné la mort la veille de ses 20 ans alors qu’il était hospitalisé pour une dépression foudroyante. Selon la procédure, l’officier de police judiciaire qui a constaté le décès a emporté la carte d'identité au commissariat. L’autrice a souhaité récupérer cet objet précieux à ses yeux de mère : “C’est tout ce qu’il est pour la société.”, s’explique-t-elle. Au bout de deux ans d’attente, elle relance une policière de son quartier pour demander si elle pourrait un jour récupérer la carte d’identité de Gaspard. Le hasard de la vie a ainsi tissé un lien inattendu. En effet, en rendant la carte d’identité à Anne-Dauphine Julliand, la policière explique qu’elle s’était attachée à cette carte qu’elle avait sur son bureau depuis 6 mois : c’était le premier visage qu’elle voyait au début de ses journées de travail. Ce lien, à la fois insolite et bienveillant, était une connexion à l’humanité qu’Anne-Dauphine Julliand n’a jamais oubliée.       

 

Un lien fort avec ses lecteurs

Au premier abord, cet ouvrage peut effrayer du fait de son sujet sensible et émouvant. L’autrice a bien conscience de cela : “Cette histoire est très singulière et du fait de sa singularité elle peut être effrayante.”, dit-elle. Toutefois, les épreuves que la vie place sur notre chemin provoquent parfois une souffrance qui peut être comprise par autrui. Soit par empathie, soit par expérience. Ainsi, Anne-Dauphine Julliand a reçu énormément de messages bienveillants de la part de ses lecteurs, qui, le temps d’un ouvrage, ont partagé la douleur de cette mère en deuil et qui ont aussi su apprécier la positivité dont elle fait preuve quotidiennement. 

 

Des signes et des cygnes 

Après le décès de ses trois enfants, Anne-Dauphine Julliand confie que sa foi l’a beaucoup aidée. Elle l’a d’ailleurs comparée à un manteau, puisqu’elle se tourne vers Dieu dans les moments de joie et de peine, à l’instar d’un manteau qui lui apporte de la chaleur contre le froid et les intempéries. Bien que sa foi lui soit précieuse, l’autrice ne cherche pas de signes de ses enfants emportés par la maladie. Pourtant, elle constate avec amusement et douceur que certains instants particuliers l’ont rassurée et l’ont convaincue que ses enfants veillent tendrement sur elle. Cette dernière s’est notamment référée à une anecdote plutôt étonnante, qu’elle a vécue après la mort de sa fille Thaïs. En effet, suite à son décès, Gaspard cherchait des signes de sa sœur, mais dans sa naïveté d’enfant, le jeune garçon pensait aux cygnes et non pas aux signes. Cette erreur qui a amusé sa mère a été bien plus qu’une simple confusion enfantine puisque lorsque l’autrice endeuillée s’est isolée après la mort de Gaspard, elle a trouvé des cygnes sur un étang. Ironiquement, les cygnes étaient devenus un signe. 

 

L’écriture : un besoin de partager

Anne-Dauphine Julliand n’a pas écrit cet ouvrage pour se guérir, mais pour rester en relation avec le monde : c’est sa façon de se lier à l’humanité. En mettant à l’écrit ses pensées et ses sentiments assombris par le deuil et la douleur, elle a réalisé qu’elle ne devait pas chercher un bonheur équivalent à la tristesse qu’elle a vécu. C’est donc en apprenant à accepter une nouvelle fois les petites joies du quotidien qu'elle a surmonté ces épreuves. Que ce soit l’odeur réconfortante du pain chaud qui émane de la boulangerie, ou les premiers rayons de soleil du printemps, l’autrice détaille toutes ces petites choses qui lui ont permis de sortir de sa solitude. Aujourd’hui, Anne-Dauphine Julliand continue de retrouver du bonheur aux côtés de sa famille et de son plus jeune fils. Se détacher du passé sans l’oublier pour mieux profiter des instants présents, c’est désormais la vie de cette maman courageuse, qui se promet de continuer à écrire et de créer du lien. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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