Avons-nous raison de faire confiance ? Par Elisabeth Walbaum

Vous constatez que malgré les mauvaises nouvelles du monde, nous continuons à travailler, à avancer, et vous vous demandez si nous avons raison de faire confiance.
On s’est réveillés en 2025, avec Trump, Musk, des ingérences américaines douteuses, des incendies qui ravagent même les plus riches, et toujours des décombres à Mayotte, la guerre en Ukraine… Rien de très glorieux. Rien de très motivant. Et pourtant, on s’est tous remis au travail. Ce que je constate autour de moi, c’est que, somme toute, nous avons envie de continuer, d’avancer, de faire confiance.

La résilience sans laquelle on ne peut rien

Je me demande d’où ça nous vient, cette aptitude à poursuivre… cette confiance en notre capacité à réparer le monde, comme on la nomme dans le judaïsme. Et ce que je vois, c’est que la confiance est un moteur, une prise de risques active qui peut faire advenir les rêves : j’ai confiance alors j’espère. A la FEP on ajouterait, « je crois alors j’agis ». C’est la foi en actes. Finalement, ça permet une certaine résilience. Je pense à Christian, président de l’Entraide du Gard rhodanien à Bagnols sur Cèze, une association membre de la Fédération de l’entraide protestante, qui me dit que, en fait, ça fait du bien de faire du bien.

Ça fait du bien de faire du bien.

Son association d’entraide est animée par une douzaine de bénévoles, qui ont en charge une distribution alimentaire, un vestiaire et un hébergement d'urgence dans deux studios.
Ils veulent apportent un peu de chaleur dans des vies difficiles. Et c’est ça, me dit Christian, qui l’aide à se lever le matin. Christian et ses bénévoles continuent, confiants dans leur capacité à réparer, là où ils sont placés, les personnes qu’ils accompagnent, confiants, malgré tout, dans le jour qui se lève.

La confiance, pas si évidente à donner

Quand on fait confiance, on prend un risque quand même ! C’est vrai, ce n’est jamais « neutre » de faire confiance. C’est à la fois fondamental pour les relations humaines, l’avenir, les projets, la société, la démocratie …
Et dangereux. Quand je fais confiance, je prends un risque, d’échouer, d’être trahi. D’emblée, celui qui fait confiance est placé dans un état de vulnérabilité et de dépendance. Mais dans le même temps du coup, il y a une corrélation très forte qui me parait évidente entre la confiance et la capacité à créer du lien. Même si la confiance demeure à jamais fragile, elle engendre toujours la possibilité d’une coopération. C’est sa véritable force. Celle qui nous pousse à continuer, car nous sommes des êtres de relations.

Il y a une corrélation très forte qui me parait évidente entre la confiance et la capacité à créer du lien.

Alors nous avons raison de faire confiance ! Oui, même si c’est un effort constant contre l’apathie et la désespérance. C’est la seule façon d’avoir la force d’encourager ce qui est bon, ce qui est beau. J’aime beaucoup ce vers d’Apollinaire qui ne dit pas autre chose « Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores. Étonnons-nous des soirs, mais vivons les matins »