À quelques jours de Noël, Antoine-Marie Izoard revient sur le dossier de Famille Chrétienne sur les fêtes de famille qui peuvent parfois tourner au vinaigre.
Toute maîtresse de maison le sait et elle en tremble parfois d’avance : un seul mot de travers dans la bouche d’un convive et la joyeuse tablée de Noël peut se transformer en champ de bataille. C’est l’oncle qui assène une théorie fumeuse après un énième verre de champagne, le beau-frère en veste de tweed qui y va de son éternel couplet politique, la nièce végane qui se lance dans une joute verbale avec votre père chasseur, la grand-mère qui déterre une histoire familiale que nul n’a encore digérée ou ce bambin haut comme trois pommes qui répète une phrase assassine entendue tant de fois à la maison, mais qui n’était pas destinée à finir entre les fruits de mer et le chapon farci.
Dieu nous rejoint dans notre humanité chaotique, alors les tonnes de guirlandes qui étouffent le sapin n’y font rien, nos ténèbres peuvent ainsi ressurgir et éclipser la Lumière (avec un grand L). Mais qu’on se rassure, Noël n’est pas forcément voué à l’échec. Au contraire, il existe bien des manières d’éviter les embûches… Et dans les petites misères familiales qui peuvent s’exprimer entre deux toasts, mais aussi au milieu des affres de la vie et des secousses inquiétantes de notre société, nous devons percevoir le véritable événement qui vient bousculer nos existences.
Un avènement, plutôt, et qui se conjugue au présent : Dieu vient ! Jésus, allongé sur la paille, percute allégrement le Père Noël bedonnant du consumérisme. Cette nativité divine et dépouillée n’est ni un événement du passé dont nous ferions mémoire comme on célèbre un anniversaire ou une date illustre, ni un événement à venir qui nous dédouanerait de le vivre maintenant, d’y puiser toute la puissance et les enseignements dont nos vies ont résolument besoin. Noël nous rejoint ici et maintenant. Hic et nunc.
Le Divin Enfant ne vient pas sauver les avatars du monde virtuel, mais vous et moi, en notre humanité. En inventant la crèche à Greccio, au XIIIe siècle, saint François d’Assise n’a pas installé des clones autour de l’Enfant Jésus, mais des hommes et des femmes en chair et en os, de toute condition. Bergers, marchande de légumes ou curé, ravi ou poissonnier, jusque dans nos crèches provençales la diversité des santons exprime l’amour incommensurable du Père étendu à l’humanité tout entière.
Non, Dieu ne vient pas uniquement pour quelques-uns, sa manifestation est pour tous... et pour chacun d’entre vous. Même les troupes célestes qui chantent "Gloire à Dieu au plus haut des cieux" en témoignent : la "paix sur la Terre" n’est pas seulement promise aux hommes qui L'aiment, mais bien "aux hommes, qu’Il aime". C’est fou ce qu’une virgule peut changer !
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