Au registre des mots barbares à apprendre en cette rentrée, voici "shrinkflation" ! Cet anglicisme est le résultat de la contraction du verbe anglais to shrink - qui signifie "rétrécir" - et du mot "inflation", et ce mot presque imprononçable désigne le fait de vendre au même prix ou plus cher des produits dont le volume a baissé.
L’enseigne Carrefour vient de se lancer dans une guerre contre la shrinkflation - avec au passage une communication habile - en étiquetant en magasin les produits dont les fournisseurs auraient réduit la quantité tout en augmentant leur prix et en les vendant dans un emballage identique. Mais la même enseigne, préviennent tout de même des associations de consommateurs, aurait usé des mêmes pratiques par le passé avec sa propre marque...
Pour sûr ! Les perdants, dans ce jeu de dupes, ce sont toujours les consommateurs. Le ministère de l’Économie a bien promis de s’attaquer à ce phénomène en poussant les fournisseurs à plus de transparence. Mais cela traîne. Il y a pourtant urgence au moment même où l’inflation galope et, avec elle, le nombre de ceux qui ne parviennent plus à se nourrir dignement.
Il y a urgence
J’en veux pour preuve, l’appel à l’aide lancé par les Restos du cœur et la double menace brandie par leur président Patrice Douret de réduire cet hiver le nombre des bénéficiaires de distribution de repas, puis de « devoir fermer d’ici trois ans » l’association créée par Coluche en 1985. À sa suite, comme un jeu de dominos, nombre d’associations caritatives ont tiré la sonnette d’alarme Croix-Rouge, Secours populaire... , assurant qu’avec l’inflation le nombre des bénéficiaires augmente alors que baisse celui des donateurs.
La réaction ne s’est pas fait attendre, plusieurs acteurs privés ont mis la main au portefeuille, parmi lesquels LVMH ou le Crédit Mutuel, mais aussi l’équipe de France de football ! En passant, c’est un bien mauvais procès que certains ont essayé d’intenter à Bernard Arnault, soupçonnant la première fortune de France de faire montre de générosité en cachant une manœuvre fiscale.
La France ne parvient pas à enrayer sa paupérisation croissante
Reste que le véritable enjeu, c’est bien de comprendre comment la France, qui est l’un des pays recordmans en matière de pression fiscale mais aussi d’assistance aux personnes dans le besoin, ne parvient pas à enrayer sa paupérisation croissante. Fini les fins de mois difficiles, c’est trente jours avant la fin du mois qu’il faut racler les fonds de tiroirs pour plus de 9 millions de Français. Les bénéficiaires des Restos du cœur ou du Secours catholique ne sont plus seulement des SDF ou des chômeurs, mais bien des travailleurs pauvres incapables de subvenir à leurs besoins.
Reste à espérer que la conférence sociale sur les bas salaires annoncée par Emmanuel Macron pour octobre n’accouche pas d’une souris. De même pour le « Pacte des solidarités » dont la présentation a été reportée maintes fois et qui, désormais prévu ce 18 septembre, doit répondre à la promesse présidentielle, en 2018, d’éradiquer la pauvreté extrême « en une génération ». Il y a urgence à passer aux actes et à combler de biens les affamés !
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