Le prix de l’essence flambe, celui de l’électricité ou de certains produits alimentaires augmente... L’inflation a connu un pic en août. + 1,9% sur un an, selon l’INSEE, l’Institut national de la statistique et des études économiques. Une situation a priori temporaire, due à la reprise économique d’après pandémie, mais qui peut peser lourd sur certains portefeuilles.
Certains d’entre vous l’ont peut-être remarqué sur la route des vacances ou même chaque jour pour aller au travail. Le prix de l’essence flambe. Comptez 1,43 euros en moyenne pour un litre de gazole et 1,56 euros pour un litre de sans plomb 95. Une hausse respective de 13 % et 16 % par rapport aux prix de l’année dernière. Si cela peut en partie s’expliquer par les taxes, c’est surtout à cause d’un déséquilibre entre l’offre et la demande concernant le baril de pétrole brut.
“Du côté de la demande, avec le retour de la croissance économique, le monde consomme à nouveau plus de pétrole après une année 2020 très difficile. Et du côté de l’offre, 23 pays producteurs de pétrole, OPEP+, réduisent leur production pour faire remonter les prix qui au début 2020 étaient tombés très bas du fait de la pandémie”, précise Francis Perrin, directeur de recherche à l’institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste de l’énergie.
Plus largement, la reprise économique due aux réouvertures, à la fin des confinements, provoque une très forte demande, pour une offre moindre. L’économie s’en retrouve bousculée. "On a été mis en pause pendant un certain nombre de temps à travers les confinements où les commerces non essentiels ont été fermés et puis d’un coup grâce à la vaccination, l’activité a pu reprendre. Il y a eu cet appel d’air mondial. Les entreprises ont réclamé pour pouvoir produire des matières premières toutes en même temps donc ça crée une pénurie", analyse Stéphanie Villers, économiste spécialiste de la zone euro.
Cette inflation devrait être temporaire. C’est ce qu'assurent les banques centrales comme la Banque centrale européenne (BCE) ou la FED, la Banque centrale américaine, qui ont la charge des politiques monétaires. Mais il est difficile d’évaluer cette durée. Trois mois, six mois voire un an, c’est ce sur quoi tablent les économistes. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter outre-mesure.
"C’est comme si vous aviez des goulots d’étranglement : il faut que tout passe... On n’aura pas de spirale inflationniste car on aura pas d’augmentation des salaires. Il n'y a pas d’inquiétude particulière à avoir la dessus. Le rebond de la demande va se poursuivre mais de façon plus modérée", tempère Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint du département “Analyse et prévisions” à l’OFCE, l’Observatoire français des conjonctures économiques. Même relativisme du côté de Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, un centre d’études économiques : "La croissance mondiale est en train de ralentir, les tensions sur les approvisionnements vont se dénouer. Une des sources de ce choc de prix va s’atténuer".
Cela pourrait être plus inquiétant si l’on augmentait les salaires en cette période, qui mènerait à une spirale inflationniste. "Une hausse des prix des matières premières joue sur le niveau du pouvoir d’achat des salariés du coup ils demandent une hausse des salaires pour compenser cette hausse de prix. Elle entraîne une hausse des coûts de production et cela mène à une spirale inflationniste", affirme Mathieu Plane.
De son côté, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est montré, lundi sur BFM TV, opposé à une revalorisation du SMIC car selon lui cela aurait des conséquences sur l’emploi. Mais il pourra potentiellement être revalorisé automatiquement au 1er octobre, si l’inflation atteint 2%.
Toujours est-il que la situation est difficile voire très difficile pour certains ménages. Il y a des dépenses incompressibles comme le loyer, la facture d’électricité, le chauffage… Une étude de France Stratégie, institution placée auprès du Premier ministre, a montré qu’elles représentent désormais un tiers des dépenses globales d’un ménage. Un poids qui a augmenté de cinq points en 20 ans.
Il faudra donc trouver des moyens pour aider les ménages les plus défavorisés. Une politique de cas par cas, comme pour les entreprises. "Les ménages qui sont le plus en difficulté qui, eux, vont avoir une réelle contrainte, il va falloir les aider pour passer cette période. Il faut identifier là où il y a eu les plus fortes hausses des prix. Et compenser ces hausses par des bons d’achats, des primes exceptionnelles pour éviter de cristalliser les tensions", estime Stéphanie Villers.
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