Ce matin je reviens sur le terrible tremblement de terre en Turquie et en Syrie qui a entraîné la mort d’au moins 40.000 personnes. Parce que la bataille des retraites à l’assemblée et les manifestations à répétition, les faits divers les plus macabres ou bien évidemment les risques que la guerre en Ukraine prenne encore plus de proportions, toute ces informations auraient tendance à faire passer au second plan le drame qui se joue depuis que deux très fortes secousses ont fait trembler la terre d’Anatolie le 6 février dernier.
Le macabre décompte des victimes ne semble pas s’arrêter. Là où les secours et les équipes de déblaiement n’arrivent qu’au compte-gouttes, le bilan ne cessera de s’alourdir à mesure que les décombres seront fouillés. La Turquie a été la première destination des équipes de secours et des fonds d’aide internationaux, mais le séisme ne s’est pas arrêté à la frontière.
Des hommes et des femmes sont tombés par dizaines de milliers. Antakya la Turque, l’ancienne et sublime Antioche des Grecs, qui fut la rivale de Rome et d’Alexandrie, n’est plus qu’un tas de ruines. La ville où séjourna saint Paul et qui fut la première à appeler "chrétiens" les disciples du Nazaréen enterre ses morts sans trêve. À une centaine de kilomètres de là, de l’autre côté de la frontière, l’ancienne citadelle d’Alep, qui domine la vieille ville déjà mutilée par la guerre, a vu s’effondrer plusieurs de ses murs. Voilà pour le bilan matériel et patrimonial.
En Syrie, c’est la situation humanitaire qui préoccupe le plus, compliquée à l’extrême par l’imbroglio géopolitique du territoire partagé entre fidèles au régime et opposants. Les affrontements politiques ont entravé le travail des secouristes et, désormais, l’acheminement de l’aide internationale, quoique maigre.
Quant aux sanctions internationales qui pèsent sur le pays depuis 2011, et que les États-Unis ont accepté d’alléger partiellement pour six mois, elles visent d’abord le régime de Bachar Al-Assad, mais représentent une double peine pour la Syrie et ses habitants. La levée des sanctions ne peut pas être seulement temporaire ! Imaginez qu’avant même cette dernière catastrophe, à Alep comme ailleurs, il était impossible de trouver le matériel indispensable à la relance de la production de savon ou de textile, par exemple. Sans compter que l’électricité manque cruellement. Seule la reprise du travail permettra de relever le pays.
Cette menace qui pèse sur la Syrie et ses habitants, douze ans après le début de la guerre, c’est notre indifférence. De même que l’aide humanitaire n’y parvient qu’au compte-gouttes, les journalistes qui peuvent entrer dans le pays sont rares. Famille Chrétienne a envoyé un reporter qui a arpenté les rues d’Alep, et visité les centres d’accueil de sinistrés, bondés, dont ceux tenus par les rares chrétiens de toutes confessions qui résistent encore. Il a vu, bien sûr, les immeubles fragilisés par la guerre et abattus par le séisme. Il a vu des sinistrés contraints de dormir dans leur voiture et des habitants hantés par la peur de nouvelles secousses. À travers son récit, nous percevons également la lueur d’espérance d’un peuple qui ne demande qu’à sortir de l’oubli.
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