L’actualité de ces derniers jours a été marquée par la polémique autour de l’accueil en France de l’Ocean Viking et la tenue de la COP27 en Égypte. Deux événements qui ne sont pas sans lien.
Il y a des coïncidences, des résonances d’actualité qui disent beaucoup, et qui nous rappellent, avec une certaine cruauté, que nous ne sommes décidément pas prêts pour le monde qui vient. Pourquoi cela ? Parce que, de bien des façons, et malgré toutes les avancées qu’ils portent, nos modes de vie et la manière dont nos sociétés sont structurées ne sont adaptés ni au bien de l’humanité ni à l’avenir qui se profile pour elle. Nous le savons, mais nous ne nous y préparons pas vraiment.
Que ce soit dans l’errance méditerranéenne d’un navire humanitaire, l’Ocean Viking, finalement accueilli par la France après avoir été rejeté par l’Italie, ou l’enquête sur la mort tragique de 27 migrants il y a un an dans la Manche. À chaque fois, les mêmes constats reviennent : manque d’anticipation, déficit de moyens, absence de réelle politique de coopération européenne… Bien sûr, certains invoquent le réalisme en contexte de crise économique, pointent le cynisme criminel des passeurs, ou font le lien entre immigration et insécurité (comme l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui invoque ce sujet comme raison de sa démission en 2018).
Reste que les drames qui se succèdent depuis des années forment une tache indélébile sur l’attachement aux droits humains dont nous aimons à nous réclamer en Europe. D’autant que les flux de personnes n’aucune raison de se tarir, et vont même s’accentuer, qu’on l’accepte ou non.
À cause d’une autre crise : la crise écologique. En Égypte, la COP 27, grande conférence internationale sur le climat, est sur le point de s’achever, dans un relatif désintérêt général. Pourtant, nous le savons et l’été est venu nous le rappeler : l’humanité est déjà sur une trajectoire de réchauffement supérieure à ce qui pouvait être craint il y a sept ans, lors de la signature des accords de Paris. Par cynisme ici, attentisme là, aveuglément ou sidération ailleurs…
Or, les conséquences de ce dérèglement sans précédent sont déjà là : sécheresses, canicules, inondations, tempêtes et catastrophes… Autant de phénomènes météorologiques extrêmes qui rendront, à terme, invivables certaines parties du monde. Et viendront donc créer de nouveaux conflits armés et des mouvements de population auxquels il faudra bien apprendre à répondre.
Non, car si une prise de conscience progresse sur les effets directs du changement climatique, les peuples européens n’en perçoivent pas encore les conséquences indirectes. Il y a là une responsabilité politique immense : au lieu d’en rester toujours à l’écume des crises, élus et partis ont le devoir de tenir un discours de vérité sur ces enjeux.
D’autant plus que l’Occident a contracté une forme de dette écologique globale vis-à-vis des pays du Sud, en fondant son développement économique et social – développement auquel tant de nations ne font qu’aspirer elles-mêmes – sur l’exploitation d’énergies fossiles. Cette dette-là crée une responsabilité en matière de justice dans la transition écologique…
Mais qui est prêt à voir son niveau de vie baisser, surtout à l’heure où se profile une récession économique, pour tenter d’enrayer la funeste machine du réchauffement et de ses conséquences ? Collectivement, nous ne sommes pas prêts. C’est pourtant l’un des enjeux les plus cruciaux de l’époque : il s’agit, ni plus ni moins, de sauvegarder l'humanité. Notre humanité.
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