Vendredi 30 septembre, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est lancé dans une violence diatribe contre l’Occident, présenté comme l'ennemi à combattre, et même un ennemi littéralement diabolique… Curieux renversement de valeurs, tant sa vision des choses pourrait lui être retournée.
Parlons du diable, ou plus exactement du satanisme ! Car vous l’avez entendu comme moi, je pense, dans le discours halluciné de Vladimir Poutine vendredi dernier : l’Occident – c’est à dire, vous, moi, les États-Unis, l’Europe, le pape et même ma belle-mère –, l’Occident, donc, se vautre dans le “satanisme pur et simple”.
Depuis le début de l’agression brutale de l’Ukraine, on avait déjà pu entendre le patriarche orthodoxe Kirill parler d’un “combat contre les forces du mal” (rien que ça), mais ce discours marque assurément une nouvelle étape dans la fuite en avant de la Russie.
Car la guerre, qui devait être brève, s’enlise, et les revers militaires s’accumulent… c’est comme si, pour sauver la face, il ne restait à Poutine que l’escalade, le travestissement de son impérialisme en guerre sainte, et de son probable échec historique en mission eschatologique.
C’est logique, puisque de son point de vue il ne “peut” pas être tenu en échec par l’armée ukrainienne seule. Il doit par ailleurs redonner du sens à la guerre, après avoir décrété une mobilisation partielle et procédé à des annexions illégales. En fait, son projet doit devenir civilisationnel, face à un monde occidental qu’il juge “néocolonial” et même “contraire à la nature même de l’homme, à la vérité, à la liberté et à la justice”.
Autant de renversements à l’ironie tragique. Quel pays mène une politique étrangère néo-coloniale, notamment en Afrique ? La Russie. Quelle nation agresse un État souverain et commet actuellement des crimes de masse ? La Russie. Quel régime est fondé sur la corruption, la propagande, l’autoritarisme, la répression brutale et l’enfermement des opposants ? La Russie, et pas n’importe laquelle : celle de Vladimir Poutine.
Quant à sa prétendue défense des “valeurs” conservatrices… eh bien, rappelons simplement qu’en Russie, la GPA est légale, et que les statistiques en matière d’homicides, de divorces ou encore d’avortements n’ont rien à envier au reste du monde.
Le problème, c’est que l’homme du Kremlin est passé maître dans l’art d’entortiller de minces fils de faits véritables pour draper ses discours de larges tissus de mensonges. N’est-ce pas là, dans la tromperie, la calomnie et la division, que l’on trouve étymologiquement le véritable “satanisme” ? Le diable s’habille en Pravda.
C’est bien le plus inquiétant et tragique à la fois. Et c’est pour cela que le pape a adressé dimanche un appel à Vladimir Poutine lui-même, “le suppliant d’arrêter cette spirale de violence et de mort”.
Un changement de ton heureux dans la diplomatie vaticane, même si François réitère aussi ses appels à ce que le président ukrainien se montre ”ouvert à des propositions de paix sérieuses”. Que veut dire une négociation “sérieuse” avec un pays qui a bafoué jusqu’ici le moindre de ses engagements ?
Il n’empêche qu’il faut continuer d’explorer toutes les voies possibles, même les plus étroites, en faveur de la paix. Car c’est bien notre avenir à tous qui est en jeu.
L’humanité saura-t-elle arrêter cette mortelle escalade, ou cédera-t-elle à ses plus vieux démons ? Si la diplomatie appartient aux diplomates, les chrétiens peuvent déjà recourir à la prière.
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