Heureusement que le prix de l’essence baisse un petit peu, parce que les sociétés d’autoroute annoncent pour février prochain une hausse de 8 % aux péages ! En juillet le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune avait émis le vœu que les prix des péages “n’explosent pas malgré l’inflation” ; eh bien voilà : ils vont exploser. Avec des répercussions dans tous les domaines, sachant que 88 % des transports se font par la route…
Le sénateur Bruno Retailleau proteste : “En pleine crise du pouvoir d’achat, cette augmentation est scandaleuse !” Les sénateurs s’emparent du problème. Leur commission d’enquête déclare : “On ne doit pas permettre aux sociétés d’autoroutes de gagner trop d’argent.” Car ces sociétés privées se sont organisé une rentabilité démesurée : leurs concessions vont leur rapporter, dans les années à venir, des dividendes quatre fois supérieurs à ce qu’elles ont payé à l’État lors de la privatisation, en 2006, à un tarif déjà très avantageux pour elles ! Avantage encore augmenté en 2015, grâce au manque de fermeté de ce même État lors de l’accord de “relance autoroutière” négocié par la secrétaire d’État Élisabeth Borne dans des conditions que les sénateurs jugent “opaques”.
Comment protéger les automobilistes contre ces hausses perpétuelles des tarifs ? L’État a les mains liées par les contrats qu’il a signés. Doit-il attendre le renouvellement des concessions, en 2036 ? A ce moment-là, il pourra fixer des conditions plus strictes : les concessions dureraient 15 ans (au lieu de 30 ans), elles seraient écourtées en cas de rentabilité excessive, et les tarifs seraient révisés tous les 5 ans…
Mais dans l’immédiat, l’État pourrait faire pression pour que les sociétés d’autoroutes modèrent leurs profits. Comme le dit la commission d’enquête sénatoriale, “une simple augmentation de 3 % leur permettrait de rester au niveau par rapport à leurs charges d’exploitation…” Mais il faudrait que l’État les en persuade : question de volonté politique.
Sur cette question le Sénat avait organisé un colloque en février dernier. Il y avait invité les ministres concernés. Aucun n’était venu… Ce n’était pas bon signe.
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