Cuivre cobalt, coltan, or, diamant, une centaine de minéraux et de métaux précieux font du Congo un des pays les plus riches en ressources rares de la planète. "Un scandale géologique", disait en son temps le géologue belge Jules Cornet. La terre que foulait le pape François avant de se rendre au Sud-Soudan est donc l’une des plus précieuses au monde. D’elle sont extraits ce qui permet à nos avions de voler, à nos ordinateurs et nos portables de se connecter, à nos voitures électriques de rouler... Sans parler des fusées, des satellites, des appareils de votre cuisine et des armes diverses. L’uranium qui causa le drame d’Hiroshima et de Nagasaki étaient à 99% "made in RDC".
C’est ce qui fit la joie du roi des Belges Léopold Ier, qui en fit sa propriété privée, saignant, lui et ses successeurs, dans tous les sens du terme le pays et ses habitants entre 1879 et 1960. Épuisé par les tyrans et les folies de ses dirigeants, l’ancien Zaïre de Mobutu est aujourd’hui, depuis plus de vingt ans, le théâtre d’affrontements sanglants, de guerres atroces, où entre 15 et 20 millions de personnes ont perdu la vie. Le fait même qu’on ne puisse chiffrer sans cette imprécision abyssale en dit long de l’indifférence générale…
François a appelé tous ces petits dont on ne parle pas, et qui sont massacrés et ballotés au gré de nos besoins économiques et hédonistes, à se redresser. Lui, le pape assis dans son fauteuil de vieillesse, veut voir les hommes debout, libérés de toutes formes d’esclavage, de toutes formes de destructions.
N'imaginons pas trop vite que nous n’ayons pas besoin nous-mêmes d’entendre ces mots. Ces Congolais que beaucoup ignorent et que nombre de nos puissants méprisent pourraient bien devenir nos maîtres. Non pas à la manière dont certains les accablent en les suspectant avec leurs frères d’Afrique de vouloir envahir nos pays opulents. Mais parce que le Christ choisit obstinément de se tenir aux côtés des plus petits et des plus méprisés, des exploités et des persécutés.
Après le Congo, le pape se rend au Sud-Soudan, retrouver les peuples dont il avait reçu les dirigeants au début de son pontificat, les appelant à se réconcilier et à baisser les armes. Allant même, lui si fourbu, se mettre à genoux devant chacun d’eux et leur baiser les pieds en signe de supplication.
Nous avons bien du mal à reconnaître le mal que nous avons pu faire, que ce soit lorsqu’il s’agit des guerres intérieures comme en Vendée lors de la terreur révolutionnaire ou extérieures lors des aventures coloniales. Nous préférons ne garder de tout cela que l’épopée qui nous conforte dans nos rêves de puissance temporelle.
Le rappel au réel auquel nous convient les peuples d’Afrique visités cette semaine par le pape est certainement pour eux une chance magnifique pour montrer au monde qu’ils sont au rendez-vous de l’histoire contrairement aux discours cyniques entendus çà et là. Mais il est ce rappel, pour nous, une des dernières chances de prendre conscience qu’il est vital pour nous tous de réfléchir vraiment au monde que nous pouvons construire en renonçant à la loi du plus glouton.
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