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Édito de Benoist de Sinety - Des crucifix "interdits sous réserve" sur le marché de Noël de Strasbourg

RCF, le 14 octobre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Benoist de Sinety - Des crucifix "interdits sous réserve" sur le marché de Noël de Strasbourg

La mairie de Strasbourg fait la polémique, le mythique marché de noël de Strasbourg (le Christkindelsmärik) voit certains de ses produits interdits à la vente, comme les crucifix, le champagne, la tartiflette… 

Père Benoist de Sinety, le 29/11/2017 ©Patrick Gaillardin / Hans LucasPère Benoist de Sinety, le 29/11/2017 ©Patrick Gaillardin / Hans Lucas

Qu’y a-t-il de commun entre un cendrier, un tube de dentifrice, une cravate de Noël, une boule qui fait de la neige quand on la secoue, un calendrier et un crucifix ? C’est qu’ils sont considérés par quelques obscurs cerveaux administratifs du côté de Strasbourg, comme des produits interdits à la vente lors du prochain marché de Noël dans la capitale alsacienne. Enfin, "interdits sous réserve" Sous réserve de quoi ? Le mystère reste entier... 

 

De toute façon qui achète un crucifix pour Noël ? une crèche à la rigueur, mais un crucifix ?

 

Sauf que, lorsqu’on voit que sur ledit marché, par protectionnisme régional, on interdira la vente de tartiflette pour promouvoir un étrange “munsterflette”, on plaint le malheureux Provençal qui se risquerait à demander une autorisation pour un stand de vente de santons !

 

Tout cela est somme toute bien idiot. Et, franchement, il n’est pas très utile de s’attarder sur des idioties, même quand elles sont proférées par arrêté municipal.

 

Ce qui m’interroge, c'est plutôt le processus qui fait qu’une personne normalement constituée et qui est en train de réfléchir à une liste de produits interdits à la vente du fait de critères dument élaborés, en vienne à se dire qu’il est vraiment essentiel de stipuler noir sur blanc que les crucifix seront bannis.

 

Est-il dont, cet homme-là, à ce point informé des conséquences économiques d’une telle décision. Il doit avoir des chiffres qui remettent en cause la sécularisation de notre société : s’en vend-il des milliers, des centaines de milles, voire peut-être même des millions ??? En brisant ce marché manifestement prometteur, les édiles strasbourgeois vont-ils provoquer une spéculation ?

 

Ami qui possède chez toi un crucifix, je te le conseille fraternellement, surtout garde-le bien : qu’il t’ait été offert à ta première communion ou qu’il soit un legs de tes aïeux, surtout garde-toi de le vendre : la rareté s’organise. Elle devient un art politique pour certains...

 

En Lituanie, la colline des croix est un lieu de pèlerinage célèbre depuis qu’en 1860 les premières croix y furent plantées contre le régime tsariste. Les Communistes à plusieurs reprises les firent retirer. Toujours, de nuit, bravant les dangers et la police, les Lituaniens les replantèrent. Elles sont innombrables et peuplent toute cette colline devenue aujourd’hui un vrai lieu touristique et plus seulement spirituel. Pas moins que leurs voisins ukrainiens, les Baltes savent vers qui tourner les yeux lorsque tout semble s’enfoncer dans les ténèbres de la folie humaine. Cette folie qui nous guette en ces temps si chargés d’incertitudes et de violences sourdes.

 

En pensant à tout cela, je me disais, comme ça, que si j’étais alsacien, sans attendre décembre, je me promènerais dans les rues de Strasbourg. Pas la peine de se régaler de bretzels ou de verres de vin chaud : dès maintenant, à chaque passant croisé, j’offrirais, avec un sourire gratuit, cet objet du délit qui est depuis 2000 ans le signe de l’infamie par lequel le salut entre dans notre monde. Je donnerais à chacun une petite croix en lui souhaitant d’une voix joyeuse non pas simplement de bonnes fêtes anonymes, mais une bonne journée !!!

 

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