Vous le savez, nous avons commémoré il y a peu le 10e anniversaire du drame du Rana Plaza au Bangladesh, qui fit 1135 morts et plus de 2000 blessés, dont une majorité d’ouvrières du textile. Elles étaient employées par des sous-traitants de marques très connues. L’effondrement de cet immeuble a provoqué un choc planétaire, mettant sous les projecteurs les conditions de travail déplorables de ces forcenées du textile et de la fast fashion.
La fast fashion ? C’est cette tendance, dominante depuis quelques années, qui encourage les consommateurs - et surtout les consommatrices - à acheter encore et encore des vêtements à très bas prix, qui seront à peine portés et vite
jetés. Le sait-on assez ? Les placards débordent. La production de vêtements a augmenté de 50% en 10 ans et les achats compulsifs, encouragés par la publicité et les réseaux sociaux, explosent.
Cette surconsommation pose de multiples questions. Éthiques tout d’abord puisqu’elle repose sur les bas salaires de millions de travailleurs en Asie notamment. Au Bangladesh, une ouvrière touche 70 euros par mois, ce qui ne permet pas des conditions de vie.
Mais le Rana Plaza a accéléré la prise de conscience des transformations nécessaires dans les conditions de travail. Comme le dit la directrice générale du collectif Éthique sur l’étiquette, le sursaut citoyen a provoqué un sursaut politique. Les multinationales ne peuvent plus rejeter la faute sur leurs sous-traitants. Partout des commissions d’enquête ont vu le jour. Récemment, la campagne contre le travail forcé des
Ouïghours, ces musulmans victimes de répression en Chine, a
mis en lumière les marques qui jusque-là fermaient tranquillement les yeux. Et ce sont les jeunes qui dénoncent massivement ces pratiques sur les réseaux sociaux...
Outre ces pratiques proches de l’esclavage la fast fashion pose aussi des questions environnementales. On ne le sait pas assez, mais cette industrie est une catastrophe écologique. Elle représente à elle seule 5% des émissions de de gaz à effet de serre de la planète. Aujourd’hui 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole, sans compter les millions de tonnes de micro plastiques rejetés dans les océans. Quant au coton, il a besoin d’eau, de beaucoup d’eau, de pesticides... Et ne parlons pas des teintures... Une partie des marques commence à prendre la mesure des choses d’autant que les consommateurs deviennent plus exigeants sur la qualité des produits, leur provenance, leur bilan carbone.
Cela changera-t-il la donne ? Certainement pas demain tant la
mode éco-responsable, produite en respectant les sols, les circuits courts, en recyclant des tissus inutilisés reste encore une niche. Mais au moins nous pouvons être toujours plus nombreuses et nombreux à respirer un bon coup avant d’acheter sur un coup de tête le énième jean ou la énième robe à nos enfants. Et à renoncer. Un seul chiffre pour nous en convaincre : plus de 30% des vêtements entassés dans nos
placards ne sont jamais portés !
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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