Ce qui est arrivé à l’écrivain Frédéric Beigbeder il y a trois jours est un nouvel exemple de la montée de l’intolérance dans notre société, où des minorités veulent réduire au silence ceux qui les contredisent.
Beigbeder publie un petit livre intitulé "Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé", et qui parle essentiellement de Beigbeder lui-même. On pensera ce qu’on voudra de ce livre. La seule chose certaine, c’est qu’il n’a rien à voir avec une apologie du viol.
Or, vendredi soir, à la grand libraire Mollat, à Bordeaux, où Beigbeder était venu présenter son livre, la conférence a été empêchée brutalement par une dizaine de militantes ultra-féministes accusant l’auteur d’avoir "un discours de violeur". Je l’ai dit : l’ouvrage ne contient rien qui ressemble à un discours de violeur. Alors est-ce que les ultra-féministes appelleraient "viol" des choses qui n’auraient rien à voir avec le viol au sens habituel du terme ? Je ne sais pas. Il faudrait étudier ça...
Mais le fond du problème, c’est que l’affaire de Beigbeder "persécuté pour rien" ressemble à d’autres affaires récentes dans les pays occidentaux. Par exemple, celle de J.K. Rowling, l’autrice de "Harry Potter", elle-même féministe, mais harcelée et diffamée, et même menacée de mort à cause d’une seule petite phrase : elle avait osé dire qu’il n’y a pas si longtemps, le mot "femme" ne désignait que les personnes ayant leurs règles... Ou, autre exemple : en France et en Belgique, les violences contre les conférences de la pédopsychiatre Caroline Eliacheff et de la psychanalyste Céline Masson, à la suite de leur livre (simplement factuel) sur les pressions de minorités sur des enfants... Ou encore l’affaire en 2019 de la philosophe Sylviane Agacinski, invitée par l’université de Bordeaux mais interdite de parole par des groupuscules, à cause de sa critique de la gestation pour autrui... Etc., etc. Ne parlons même pas des États-Unis, où ces censures imposées par des minorités se comptent par centaines chaque année.
Il faut bien dire que tout ça semble donner raison à l’essayiste Caroline Fourest ! Dans son dernier livre (intitulé "Génération offensée"), elle s’inquiète de la montée d’une intolérance croissante dans les sociétés du monde atlantique, qui pourtant se voudraient les sanctuaires du débat démocratique. Alors il est temps de nous rappeler collectivement la vieille maxime de Montaigne : "Quand on me contredit on éveille mon attention, non ma colère."
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