JavaScript is required

Édito de Yann Mens - Crise diplomatique au Burkina Faso

RCF, le 24 janvier 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Yann Mens - Crise diplomatique au Burkina Faso

Après le Mali, c’est au Burkina Faso que le torchon brûle avec la France. Au terme de plusieurs jours de confusion et de déclarations officieuses, le porte-parole du gouvernement a confirmé hier que les autorités de Ouagadougou avaient demandé le départ dans le délai d’un mois des 400 militaires français de la Force Sabre présent dans le pays en vertu d’un accord de 2018. Des membres des forces spéciales dont la mission consiste à éliminer des "cibles à haute valeur ajoutée". Comprendre des chefs de ces groupes jihadistes qui au Burkina Faso contrôlent actuellement 40 % du territoire national environ. 

Yann Mens ©RCFYann Mens ©RCF

Car en dépit des coups d’État militaire qui se succèdent depuis un an dans le pays, le premier en février dernier, le second fin septembre, ces groupes ne reculent pas. Chaque putschiste a beau promettre qu’il remédiera aux carences des forces armées, les affrontements et les exactions se poursuivent. Aujourd’hui, près de deux millions de Burkinabés, soit 10% de la population sont déplacés, dans le nord et l’est du pays surtout. Et vingt pour cent des écoles du pays ne fonctionnent plus. Pire même : avec l’enrôlement massif de civils comme supplétifs des forces armées, les violences se diffusent et le cycle des vengeances risquent de devenir incontrôlable. Ainsi par exemple, fin décembre, à la suite d’une attaque de jihadistes contre une gendarmerie et une de leur base, de tels supplétifs se sont vengés sur les habitants de quartiers voisins qui en raison de leur appartenance à la communauté peule étaient supposés soutenir les groupes jihadistes. Bilan : plus de quatre vingt morts. En réalité, même si elle est indispensable pour combattre les jihadistes qui eux-mêmes se rendent coupables d’incessants massacres, la force militaire ne peut suffire à les éradiquer. 

 

En effet, pour recruter, ces factions tirent profit de frustrations profondes dans des groupes sociaux et des régions qui ont été depuis trop longtemps négligés par le pouvoir central.  Or en dépit de leurs déclarations musclées, les militaires ne sont pas capables de résoudre de tels problèmes de gouvernance, même lorsqu’ils sont aussi bien armés que les soldats français. Mais cela, beaucoup d’Africains de l’Ouest ont du mal à l’admettre : ils ne comprennent pas que la puissante armée française ne puisse venir à bout des guérilleros jihadistes et du coup, ils soupçonnent Paris de duplicité et de visées néo-coloniales. Un soupçon qui fait volontiers mouche au Burkina Faso, le pays de Thomas Sankara, le jeune capitaine révolutionnaire et nationaliste qui dirigea le pays de 1983 à son assassinat en 1987. Une accusation surtout qui est aujourd’hui reprise et amplifiée par la Russie, désireuse d’étendre son influence au sud du Sahara et de mettre la main sur des ressources minière, comme l’or. Si demain, comme cela s’est déjà produit au Mali voisin, des paramilitaires russes du groupe Wagner venaient à remplacer au Burkina Faso les troupes françaises, il est à craindre que ce soient de plus en plus les civils qui paient cette substitution de leur vie.

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
©RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

Pour aller plus loin

Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.