Ce mardi, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une convention citoyenne sur la fin de vie après l’avis du Comité national d’éthique favorable au suicide assisté et à une euthanasie encadrée dans des cas particuliers...
Hier matin, sur RCF, précisément à cette heure-ci, mon confrère Stéphane Vernay de Ouest-France évoquait déjà ces annonces. Il a très justement évoqué la réaction inquiète de La Manif pour tous qui craint que le débat soit pipé dès le départ, et il a dit croire, au contraire, à "la sincérité du chef de l’État et des membres du Comité national d’éthique". Je ne vous cache pas que ne partage pas son optimisme.
D’abord parce que, tout début septembre, remettant la plus haute distinction de l’État à Line Renaud, dont on sait que la célèbre actrice et meneuse de revue milite avec force (malgré ses 94 ans) pour le suicide assisté, Emmanuel Macron a fait une promesse, inquiétante à mes yeux, en termes choisis : "votre combat nous oblige", a dit le président en s’engageant à mettre en œuvre une loi "sur le droit à mourir dans la dignité". Cette dernière expression est précisément celle qu’utilisent les partisans d’une euthanasie active. Et puis, plus récemment, en évoquant publiquement la future convention, Emmanuel Macron a déjà assuré - ce sont ses mots -, qu’il fallait "bouger pour plus d’humanité".
Quant au Conseil national d’éthique, je ne doute pas qu’il a ardemment travaillé la question pendant un an. Mais plusieurs membres ont émis une réserve sérieuse face à cet avis favorable, cela n’est pas anodin, et je m’interroge par ailleurs : qu’est-ce qui a donc changé depuis les nombreux refus de ce même comité sur cette même question de l’aide active à mourir ? J’ai un élément de réponse : ce qui a changé, c’est la composition du comité d’éthique avec des membres nommés successivement par François Hollande et Emmanuel Macron. Plus qu’éthique, la question semble bien politique.
Ce ne sont malheureusement pas les seuls éléments qui nourrissent mon pessimisme. Dans sa chronique hier matin, il faut le reconnaître, mon confrère avait lui aussi un doute sur la qualité des débats et son résultat. Et il faisait référence à l’échec patent de la dernière consultation du genre, la Convention citoyenne sur le climat. Mais ce serait oublier un autre exercice qui a laissé des traces dans les esprits, à savoir les états généraux de la bioéthique qui ont, là encore pour des raisons politiques plus qu’éthique, abouti à la légalisation de la "PMA pour toutes".
Et puis… Évoquer comme seule opposante la Manif pour tous, facilement rangée dans le clan des plus réactionnaires, donne l’impression qu’elle serait la seule à s’opposer à la folie de l’aide active à mourir. Mais les évêques de France ont déjà dit lors de la dernière campagne électorale leur inquiétude devant la "tentation de l’euthanasie" et ils vont remonter au créneau. Les cathos ne sont pas les seuls à être inquiets : les médecins en soins palliatifs y sont aussi majoritairement opposés. Et hier, chez nos confrères de La Croix, c’est le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui pointait une "rupture anthropologique tragique", en souhaitant que l’effort porte plutôt sur le développement des soins palliatifs.
On doit pour autant se réjouir qu’un débat soit ouvert, il nous faudra prendre la parole, mais je me méfie que l’on apporte, en choisissant d’accélérer la mort plutôt qu’en accompagnant la douleur de ceux qui souffrent, une bien mauvaise réponse à une véritable question.
Antoine-Marie Izoard est le directeur de la rédaction de Famille chrétienne
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