LA CHRONIQUE DE ELISABETH WALBAUM - Nous sommes au petit matin de la "nuit du doute". Ce matin, chez nos amis musulmans, on entre dans le Ramadan. Et je trouve très intéressant qu’il y ait, parmi les marqueurs religieux de l’Islam, la mémoire de l’incertitude !
Evidement, cette appellation de la "nuit du doute", qui marque le début du Ramadan, évoque une époque où l’homme ne maîtrisait pas les outils scientifiques pour définir avec exactitude les cycles lunaires et le commencement de la période de jeûne… on était bien loin des affres existentielles de l’homme occidental !
Je trouve ça très intéressant, car en fait, le doute est aussi un élément constitutif de la pensée critique. Il est sain de remettre en question, de demander des preuves, de chercher des sources fiables et d'examiner les arguments lorsqu'on en est pas totalement certains. Et ce n’est pas parce que l’on a compris les phénomènes astronomiques ou climatiques, qu’ils ne nous font pas douter. Ce n’est pas parce que nous avons des outils de compréhension du monde que le doute nous épargne !
Je dois analyser, prendre du recul… m’assurer de la véracité, de la pertinence ou de la fiabilité de ce que j’entends, faire le tri dans toutes les informations qui me parviennent. C’est légitime. Alors, je doute, tu doutes, nous doutons. Est-ce que je peux avoir confiance ? En qui ? En quoi ?
Notre méfiance est parfois excessive et irrationnelle. Un excès de doute et voilà ma capacité à agir ou à prendre des décisions paralysée ! Il faudrait réussir à maintenir un équilibre entre un scepticisme raisonnable, qui nous stimule et une confiance prudente qui nous retient mais nous protège aussi. Sans quoi il sera vraiment difficile de fonctionner dans la société !
Je crois fondamentalement que nous sommes aux manettes. C’est ce dont témoigne Dominique, du département Handicap visuel de l’association La Cause, membre de la Fédération de l’entraide protestante : "je suis constamment admirative de l’assurance incroyable dont font preuve certains de mes amis aveugles quand ils se déplacent avec ou sans guide. Peut-être pensez-vous que le secret, c’est la canne blanche ou le chien guide ? Le plus intelligent des chiens guides ne peut rien faire si son maitre n’est pas aux commandes !"
Ce qu’elle nous dit, et ce que ses amis lui disent, c’est que nous avons toujours la possibilité d’avoir prise sur nos inquiétudes, sur nos doutes. Voilà un chemin d’espérance : pour avancer, il est important de discerner les préoccupations réelles et légitimes des préoccupations imaginaires et excessives. Ainsi, nous pourrons être les témoins de l’aube qui se lève au lendemain de la "nuit du doute" !
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