Ce vendredi 21 avril a lieu la fête de l’Aïd, qui met fin au ramadan, un mois de jeûne suivi par des milliers de musulmans dans le monde. Cette année il a coïncidé avec le carême des chrétiens. Mais qu’est-ce que le ramadan ? Quel est son sens spirituel et peut-on le comparer au carême ?
En 2017, le Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM), un service de la Conférence des évêques de France, a lancé le groupe Théologie en dialogue. Son objectif est "d'honorer l’intelligence dans un monde où l’émotionnel est partout, et de le faire ensemble, chrétiens et musulmans". Parmi les fondateurs, Omero Marongiu-Perria, docteur en sociologie, spécialiste de l'islam français et co-fondateur du Forum islamo-chrétien du Grand-Ouest, ainsi que le Père Vincent Feroldi, prêtre du diocèse de Lyon et ancien directeur du SNRM. Ensemble, ils nous expliquent le sens du ramadan et quels points communs il peut avoir avec le carême.
Le ramadan fait partie des cinq piliers de l’islam et représente un aspect fondamental de la pratique des musulmans. Le renvoie à l'idée de "la chaleur qui exhale de la terre à la fin de l'été", résume Omero Marongiu-Perria. À l'origine le ramadan correspondait à l’équinoxe d’automne. Dans le Coran, le verset 182 de la deuxième sourate du deuxième chapitre évoque le jeûne prescrit aux musulmans. En complément, et selon la tradition musulmane, le jeûne a été pratiqué par le prophète lors de la deuxième année de son séjour à Médine.
On retient souvent du ramadan qu'il s'agit de ne pas manger ni boire de l’aube au coucher du soleil. Mais ce "mois sacré" ne se résume pas à la privation de nourriture. Si dans le Coran, l’un des deux mots qui renvoient au jeûne désigne l’abstinence de nourriture et de boisson, l’autre mot signifie : "s’abstenir de faire le mal, de commettre des actes répréhensibles pour s’imprégner un peu plus du divin", décrit Omero Marongiu-Perria.
"C’est un peu curieux, la façon dont une partie des musulmans sacralisent la pratique du jeûne au point de se mettre en danger", note le théologien. Il note que le passage coranique qui en parle "est très large et très vague" et "laisse une marge d’interprétation". D'ailleurs pour observer le jeûne durant le ramadan, il faut être en bonne santé, ajoute Omero Marongiu-Perria, et les femmes enceintes ou allaitantes ont le choix de le pratiquer ou non. S’il arrive que certaines personnes "s’exposent réellement à un danger", le théologien souligne toutefois que ce n’est pas l’objectif du ramadan.
La pratique du jeûne lors du ramadan vise à "s’affaiblir physiquement" mais "pour se développer spirituellement". On recherche "une disposition de l’esprit". "De ce point de vue, la pratique du jeûne envoie un message" dans une société de consommation, explique Omero Marongiu-Perria . "Le croyant essaie de développer sa spiritualité en laissant provisoirement de côté les aspects matériels de sa vie." Ce qui rejoint l’idée de conversion au cœur du carême.
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Le carême, c'est le temps de 40 jours qui précède Pâques, la plus importante des fêtes chrétiennes. Le jeûne est avec la prière et l’aumône d’un des piliers du carême - le jeûne se pratique d’ailleurs dans toutes les grandes traditions spirituelles. Mais tous les chrétiens ne jeûnent pas de la même façon. Ainsi chez les orthodoxes, le carême est plus long, rappelle le Père Vincent Feroldi. "La dimension du jeûne est beaucoup plus importante aujourd’hui dans le carême orthodoxe que dans le carême catholique, souligne-t-il, où il faut reconnaître que, si je prends entre guillemets « le règlement », il faut jeûner le premier jour du carême, le Vendredi saint et après, la privation de nourriture n’est plus ou n’est pas l’essentiel."
Le carême est pour Vincent Feroldi synonyme de conversion. C’est un temps d’ouverture à Dieu et aux autres où le croyant est invité à "s’interroger sur ce qui dans [sa] vie n’est pas conforme à ce que Dieu souhaiterait et ce que Jésus propose comme chemin". C’est aussi un temps de pardon et de partage et le moment privilégié pour intensifier sa vie de prière. Durant le ramadan, il y a un jour particulier où le fidèle est invité à plus d’introspection, c’est la nuit du destin, entre le 26e et le 27e jour. On célèbre la nuit la plus sainte, celle où l’archange Gabriel a révélé le Coran au prophète.
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