Florent de Bodman - Seul 5 % des familles modestes ont une place en crèche pour leurs enfants
En partenariat avec 1001mots
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Il y a deux mois, ma femme et moi nous avons eu un deuxième enfant. Aujourd’hui, nous sommes à la fin du congé maternité, donc nous pensons beaucoup au mode de garde de notre bébé. Nous avons la chance d’avoir trouvé une solution pour les prochains mois grâce à une crèche à côté de chez nous.
Nous étions soulagés car c’est un parcours du combattant pour trouver une place en crèche. En France, il y a moins d’un enfant sur cinq qui est accueilli en crèche à temps plein. Et toutes les familles ne sont pas logées à la même enseigne : les familles les plus aisées ont quatre fois plus souvent des places en crèche que les plus pauvres !
D’abord il faudrait construire beaucoup plus de crèches, et surtout les construire là où il y a de gros manques. Je vous donne un exemple : à Paris, il y a de quoi accueillir 50% des enfants en crèche ; mais dans certains départements ruraux comme le Cantal, comme l’Aisne ou le Pas-de-Calais, la capacité d’accueil en crèche est cinq fois moindre !
Il y a eu des initiatives en ce sens : les derniers gouvernements ont attribué des financements supplémentaires pour les crèches qui se créent dans les territoires où il y a le moins de crèches. Mais c’est intervenu dans une période où les créations totales de nouvelles crèches ont plutôt ralenti : au cours des cinq dernières années, le nombre total de places de crèches en France a augmenté d’environ 2% par an. Donc, on ouvre des crèches, mais ça ne suffit pas pour sortir de la forte situation de pénurie que rencontrent les familles aujourd’hui.
Eh bien non pas toutes, justement : la moitié des nouvelles places sont fournies par des micro-crèches, des crèches privées à statut particulier qui peuvent accueillir dix enfants seulement. Or, si une famille veut une place dans ces micro-crèches, elle doit généralement payer plus cher que pour les autres types de crèches. Donc la barrière financière est beaucoup plus forte dans ce cas pour les familles ayant un petit budget.
Franchement pas beaucoup. Le plus souvent, l’attribution de ces places de crèche reste peu transparente et dépend directement des élus locaux : cela désavantage les familles moins connectées ou les moins aisées. Le précédent gouvernement n’a rien changé à cela : les communes restent entièrement libres d’attribuer les places comme elles le souhaitent. J’espère que le nouveau gouvernement en place depuis huit mois va réussir à changer les choses, mais pour l’instant, il s’est contenté de lancer une grande concertation.
À lire sur les inégalités d’accès à la crèche :
- Rapport 2021 de l'Observatoire national de la petite enfance - Dossier de presse
- Article de La Gazette des communes : "Petite enfance : 10 milliards d’euros réclamés pour un "« électrochoc »"
- Article de Terranova : "Petite enfance : que devrait faire le prochain président de la République ?"
Florent de Bodman est le cofondateur de l’association 1001mots et l'auteur de l’essai "À portée de mots" (éd. Autrement, 2021).
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Florent de Bodman est le cofondateur de l’association 1001mots et l'auteur de l’essai "À portée de mots" (éd. Autrement, 2021).
Nathalie Encinas, puéricultrice, est la directrice d’un service petite enfance dans l’Essonne, administratrice de l’association 1001mots.
Avec le soutien de la Fondation d'Entreprise Groupe ADP.
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