La loi Gaillot sur les délais de l’IVG revient à l’Assemblée nationale. Cette proposition de loi est à l’initiative de députés LREM. Elle sera examinée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le lundi 29 novembre. Elle promeut deux mesures phares : l’allongement du délai pour pratiquer un avortement de 12 à 14 semaines de grossesses et la suppression de la clause de conscience spécifique des médecins.
Il faut savoir que le délai de la loi Veil d’origine était à dix semaines de grossesse. Si cette proposition de loi était votée cela signifierait qu’on aurait au total augmenté d’un mois le délai initial. En 2001, le délai est déjà passé de dix à douze semaines au motif que des femmes en délais dépassés partaient avorter à l’étranger. Aujourd’hui le même motif est avancé : des femmes iraient avorter dans les pays voisins, au-delà des délais légaux français.
Les promoteurs de la loi invoquent les difficultés d’accès à l’IVG. En fait, d’après l’exposé des motifs, 5% des femmes font une demande au-delà de 10 semaines. Pourtant toute femme sait qu’elle se découvre enceinte dès qu’il y a un retard de règles : à plus de 10 semaines de grossesse, c’est déjà la troisième fois qu’elle n’a pas vu revenir ses règles.
Si des femmes se présentent tardivement, c’est sans doute surtout en raison de l’ambivalence éprouvée devant une grossesse imprévue. On veut, on ne veut pas, il est difficile de prendre une décision et le temps passe …. Jusqu’à arriver à la limite des délais. Autrement dit, il y aura toujours des femmes en délais dépassés qui auront eu beaucoup de mal à se résoudre à pratiquer un avortement. Le report des limites pourrait être sans fin : ce n’est pas la solution !
Comme pour tout problème de santé publique, le législateur devrait d’abord s’employer à comprendre les motifs des IVG : difficultés économiques, de logement, agression ou violence sexuelle, instabilité conjugale, difficultés psychologiques, sociales ou liées à l’emploi… et à mettre en œuvre des outils de prévention : éducation affective et sexuelle, aides financières adaptées, conseil conjugal, aides au logement et meilleure connaissance de l’accouchement sous le secret qui permet de faire le bonheur d’une famille adoptante. Cette fuite en avant n’est pas la solution, c’est une démission ! Il est temps d’écrire dans ce sens à nos députés.
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