Je reviens d’un séjour à la montagne, durant lequel j’ai eu la chance d’admirer les cimes enneigées, somptueuses. Mais, dans le même temps, j’ai appris que 100% de la neige des JO de Pékin était artificielle. C’est d’une telle absurdité écologique !
Ce pourrait presque être risible si la situation en termes de réchauffement climatique de la planète n’était pas si préoccupante. Ce qui me réjouit en revanche c’est que les chiffres d’audience de ces JO sont en baisse. Preuve qu’il est temps de cesser de prendre les téléspectateurs pour des idiots capables de tout avaler sans broncher, y compris la tribune offerte au régime autoritaire chinois...
Une très bonne enquête parue chez notre confrère Reporterre montre à quel point les sports d’hiver sont en danger. Et ce n’est pas quelques canons à neige qui changeront la donne. Entre 1920 et 1950, la température moyenne des villes qui ont accueilli les épreuves des JO s’élevait à 0,4 °C au mois de février. Elle atteint aujourd’hui les 6,3 °C. Le paysage des Jeux Olympiques d’hiver contemporains n’a plus grand-chose à voir avec celui des premières éditions. A l’époque, les épreuves de hockey sur glace, de patinage artistique, de patinage de vitesse et de curling pouvaient avoir lieu à l’extérieur. Depuis les années 1980, elles se pratiquent dans des patinoires réfrigérées.
En 2010, lors des JO de Vancouver, la neige avait été transportée par hélicoptère. A Sotchi, en 2014, les autorités russes ont dû constituer des réserves de neige pendant un an avant les Jeux. Quatre ans plus tard, en Corée du Sud, 90 % des flocons provenaient de canons. Or le processus est polluant et nécessite énormément d’énergie et d’eau. Quant à la neige naturelle, une enquête suisse a démontré qu’elle contenait des nanoplastiques. Des chercheurs ont travaillé sur une petite zone reculée, protégée, située à plus de 3000 mètres, en Autriche.
L’étude montre qu’en extrapolant, ce sont 3.000 tonnes de minuscules particules qui recouvrent la Suisse... Ces nanoplastiques viennent des centres urbains situés à plus de 200 km mais aussi, pour 10%, des océans. Oui, ce monde est bien fou et aveugle. Et quand je pense que dans quelques mois, la Coupe du Monde de foot aura lieu au Qatar, en novembre à cause de la chaleur, dans des stades surclimatisés, je frôle l’ulcère...
Nathalie Leenhardt est journaliste, ancienne rédactrice en chef du magazine Réforme. Chaque semaine, écoutez son édito dans La Matinale RCF.
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