De façon récurrente nous sont présentés des comparaisons internationales sur la durée du travail. Si ces travaux sont intéressants, leur analyse est complexe, compte tenu des différences de législations et de la fiabilité plus ou moins grande des outils statistiques selon les pays.
Les grandes masses donnent des indications, mais ignorent un certain nombre de paramètres, comme l’importance du travail non déclaré dans des secteurs entiers, à l’exemple de la restauration ou du bâtiment, pratique illégale peu développée dans les pays nordiques, non négligeable dans les pays latins ou ceux d’Europe de l’Est.
Concernant les jours fériés, la France est réputée en avoir 11, ce qui nous place dans la fourchette basse des pays européens. De plus, en France, un jour férié tombant un dimanche n’est pas récupérable, contrairement à d’autres pays comme l'Angleterre.
Des « spécialistes » de la comparaison France-Allemagne annoncent 9 jours fériés pour les « teutons bosseurs » contre 11 pour ces « fainéants de franchouillards ». Cependant, le très sérieux touteleurope.eu, « le site pédagogique de référence sur les questions européennes », affiche sans trembler 11 jours fériés en Allemagne. La vérité n’est ni 9 jours ni 11 jours, mais 9 jours fériés communs pour toute l’Allemagne, auxquels s’ajoutent des jours selon les Länder : 4 jours en Bavière, 3 en Saxe, etc.
Quand on additionne les congés payés et les jours fériés, nous sommes, avec un total de 35 jours, dans la moyenne européenne, au coude à coude avec l’Allemagne, loin derrière les 44 jours de l’Espagne et largement devant les 23 de Malte. Il en ressort que le seul critère de la durée du travail n’est pas significatif, sauf à croire que la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce, qui ont la durée annuelle de travail la plus élevée, possèdent les économies les plus compétitives d’Europe.
Il a y encore quelques années, le salarié français était réputé être le plus compétitif au monde : « Si l’on ramène le PIB par habitant à l’heure travaillée, la France est en première position du classement mondial en termes de productivité », affirmait, un document diffusé par nos ambassades. Las, les choses ont bien changé, et si nous nous situons encore au-dessus de la moyenne des pays développés, nous ne sommes plus les plus productifs. C’est notamment la conséquence logique, quasiment mécanique, de notre « décrochage éducatif touchant jusqu’aux meilleurs élèves », pour citer le Conseil d’analyse économique.
En résumé, les Français travaillent raisonnablement en durée, et efficacement en qualité, mais la qualité de notre main-d’œuvre est en baisse : « Les compétences socio- comportementales régressent ». Travail bien fait, ponctualité, sens de l’équipe, ardeur à la tâche : autant de qualités qui s’affaiblissent. S’ajoutent à cela le déclin de notre industrie et de mauvais choix stratégiques, comme l’abandon programmé du nucléaire pour des raisons de lâcheté politique et d’idéologie. Si rien n’est écrit et si rien n’est définitif, il sera toutefois de plus en plus difficile de remonter la pente face à des pays comme la Chine, l’Inde ou les États-Unis, au pragmatisme cannibale…
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