Pour Adrien Louandre, "l’Anthropocène est avant tout une crise de l’effondrement de la biodiversité qui précède et augmente l’ampleur de la crise climatique". Et il est encore temps d'agir pour transmettre à nos enfants une terre vivable. Parce que "nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants".
"Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants." Ce proverbe amérindien a résonné en moi en écrivant cette chronique. L’astrophysicien Aurélien Barrau disait à juste titre, dans une vidéo vue plus de 10 millions de fois, que la question principale est celle d’habiter l’espace : ce qui détruit la vie sur Terre ce sont les pesticides, c’est l’artificialisation des sols, la disparition des espaces de vie et la surpêche. Il évoque une "guerre totale, une extermination totale où nous sommes à la fois les auteurs et les victimes". "Nous sommes dans un conflit nucléaire où nous affûtons nos lance-pierres... où les gens qui préfèrent leurs enfants à leur argent passent pour des radicalisés."
Oui, 60% de la vie sur Terre a disparu en 40 ans. Permettez-moi de le redire : 60% de la vie sur Terre a disparu en 40 ans. Nous avons préféré les effets d’annonce et les faux débats plutôt que nous attaquer à cela, alors c’est notre survie même qui est en jeu. Et cela n’a rien à voir avec le réchauffement climatique.
Pourtant le pape François dit que tout est lié. Mais le problème est là : nous ne sommes qu’à l’aube des catastrophes climatiques (on peut penser à la famine climatique à Madagascar cet été) et même entre des gens concernés par l’écologie, nous n’arrivons pas toujours à comprendre que l’Anthropocène est avant tout une crise de l’effondrement de la biodiversité qui précède et augmente l’ampleur de la crise climatique. J’allais dire que la vie sur Terre était notre principal allié pour lutter contre le réchauffement, mais non : ce n’est pas notre allié puisque nous faisons partie de cette vie sur Terre.
Vous n’avez pas besoin de partager la vision franciscaine du monde, à savoir celle que nous sommes frères des coquelicots et des chevreuils, des baleines et des albatros, pour comprendre que nous sommes tous issus du même souffle de vie. Tant d’êtres que nous ne voyons pour la plupart même pas, participent à maintenir coûte que coûte la vie sur Terre, afin de maintenir ce souffle de vie. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir voir le lever du soleil de demain matin
Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. Comme nos ancêtres ont labouré la terre pendant des millénaires, comme les tribus faussement dites "indigènes" (alors qu’elles ont tant à nous apprendre !) ont respecté, protégé et surtout aimé cette Terre et ses habitants, nous aimons tous cette Terre.
Beaucoup d’entre nous ne peuvent faire grand-chose pour la préserver, d’autres sont pris dans un système économique destructeur (beaucoup d’agriculteurs et agricultrices notamment) et ne peuvent faire tout ce qu’ils auraient envie : pire, ils sont montrés du doigt. Pourtant, il n’y aura pas de vision politique si nous ne nous parlons pas et que nous n’avançons pas ensemble avec ce cap clair prévalant sur tous les autres : préserver la vie que nos ancêtres, partout sur Terre nous ont donnée, pour la donner nous-mêmes à nos enfants.
Nous sommes dans un monde de décroissance incroyable de la vie : là est la véritable décroissance ! Ne nous y trompons pas ! La véritable décroissance est, depuis des décennies, celle de la vie et non pas celle du profit ! Nous n’avons jamais eu autant d’argent qu’aujourd’hui, il est juste entre quelques mains pendant que tant d’autres meurent de faim. Nous n’avons jamais eu aussi peu de vie qu’aujourd’hui, mais ce n’est pas la fin.
Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. Vous aimez vos enfants ? Alors à bientôt. À bientôt dans les librairies et les conférences pour vous vous renseigner, à bientôt dans les cafés pour débattre et confronter nos points de vue, à bientôt dans les urnes pour faire vivre une démocratie écologique, mais surtout, surtout, à bientôt sur le terrain pour agir. Ensemble. De 7 à 107 ans. Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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