Le premier tour de la primaire des écologistes s’est tenu le week-end dernier. A cette occasion je voudrais revenir sur les deux visions économiques qui structurent schématiquement les débats. Il s’agit de la croissance durable par opposition à la décroissance.
On commence avec la croissance durable. C’est l’idée la plus commune, mais aussi la plus optimiste quant à notre avenir. Elle suppose que notre économie peut continuer à croître tout en réduisant son impact sur l'environnement et sa dépendance aux matières premières.
On peut réussir cette prouesse grâce à l’innovation technologique. Un exemple: les transports sont la première source d'émissions de CO2 en France. La solution est donc de produire de l’électricité décarbonée et de passer à la voiture électrique.
Ainsi la transition écologique se fait sans remettre en cause notre mode de vie. Cette pensée repose sur une confiance absolue dans la technologie et dans l’économie de marché pour mettre en œuvre les changements nécessaires.
Le second courant, c'est la décroissance, une théorie qui vise à faire en sorte que l’activité économique ne consomme pas plus de ressources que ce que la planète peut durablement nous donner. Si l’on considère la ressource halieutique, cela signifie que l'on ne doit pas pêcher plus de poissons que ce que le stock actuel est capable de reproduire en un an.
A la différence de la croissance durable, la décroissance n’idéalise pas de la technologie. Un exemple à nouveau : nous pourrions mieux isoler nos maisons pour réduire notre facture énergétique. La décroissance répond que c’est très bien et qu’il faut le faire, mais que ce n'est pas suffisant.
Si nous réalisons des gains sur notre facture énergétique, sans réflexion sur notre niveau de consommation, nous risquons de dépenser l’argent économisé dans l’achat d’autres produits, ce qui limitera l’impact final sur l'environnement.
A cause de cet effet rebond la décroissance considère que l’efficacité technique n’est pas la solution. Il faut viser la sobriété, c’est-à-dire un changement de nos habitudes de consommation. Cela implique de changer de préférences, de réduire ce qui nous semble désirable, bref de bouleverser nos modes de vie.
Dans Laudato Si’ François écrit qu’il faut "accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties."
Une approche spirituelle permet de ne pas se demander uniquement quoi ou comment produire, mais pourquoi produire. On en trouve une illustration aujourd’hui dans le localisme, le fait de vouloir consommer des biens produits à côté de chez soi.
Il y a bien sûr un argument technique, le fait que les produits parcourent moins de kilomètres. Mais l’effet sur l’environnement n’est pas toujours évident. En consommant local, on souhaite redonner du sens à l’économie et sortir de l’abstraction des grandes chaînes de la mondialisation.
On recherche une certaine autonomie, le contrôle de sa vie, la sensation de prendre soin des producteurs, d’établir une relation qui dépasse le seul gain économique. C’est cette question du sens qui permet d’identifier l’économie la société qu’il serait désirable de bâtir.
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