Le 1er décembre les 30 pays membres de l’OTAN se sont réunis de façon exceptionnelle à Riga et non à Bruxelles pour apporter leur soutien aux pays Baltes. Ces pays se sentent aujourd’hui déstabilisés par ce qu’ils considèrent comme une guerre hybride menée par la Russie et le Bélarus contre eux mais aussi contre l’Union européenne. De plus, les pays de l’OTAN ont fait part de leur inquiétude du fait que plus de 100.000 soldats russes sont massés aux frontières de l’Ukraine.
On sait que depuis 2014 la Russie a annexé la Crimée et soutenu la déstabilisation du Donbass. Pour la première fois à Riga, l’OTAN a menacé la Russie de sanctions économiques dans le cas où celle-ci décidait de poursuivre son avancée en Ukraine dans les prochains mois.
Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a ajouté que si la Russie continuait ses visées impérialistes, l’OTAN augmenterait son aide militaire à l’Ukraine. De plus, lors de son prochain sommet à Madrid en 2022 l’OTAN souhaite adopter une nouvelle stratégie militaire et envisage d’intégrer l’Ukraine d’une façon ou d’une autre.
Doit-on considérer cette attitude de fermeté de l’OTAN à l’égard de la Russie comme un danger pour la paix ? Je ne le crois pas. Je crois même l’inverse. L’Etat russe ne cessera la guerre hybride qu’il mène contre l’Occident que s’il comprend que ses visées expansionnistes lui coûteront plus cher que ses gains éventuels. J’ajoute que l’OTAN est une alliance défensive.
Les Européens ont annoncé de leur côté qu’ils verseraient 31 millions d’euros à l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie pour leur permettre de se défendre en cas d’invasion. Mais l’Union européenne ferait bien en outre de consacrer ne serait-ce que 10% de cette somme à la construction de la paix préventive. Il existe en effet un plan de paix qui a été préparé au Collège des Bernardins en 2019 par plusieurs dizaines d’universitaires européens et qui s’inspire de la réconciliation franco-allemande.
La diplomatie française a choisi d’ignorer pour le moment ce rapport. Pourtant, dans les 10 propositions pour la paix entre la Russie et l’Ukraine qu’il formule, ce plan a le mérite de prendre les problèmes à la racine et d’ouvrir de vraies perspectives de paix sur le continent européen. A la veille de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, il serait heureux, je crois, que les diplomates européens se saisissent de ce plan.
Antoine Arjakovsky est historien, directeur de recherche au Collège des Bernardins, directeur émérite de l'Institut d'études œcuméniques de Lviv (Ukraine). Son dernier livre : "Essai de métaphysique œcuménique" (éd. Cerf). Il nous livre son regard sur l'actualité chaque semaine dans la matinale RCF.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !