Aujourd'hui, à l'occasion du rapport du Haut Conseil pour le Climat qui s'alarme du retard de la France sur ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, Corinne Bitaud s'intéresse au "voiturisme passif".
La semaine dernière, le Haut Conseil pour le Climat a publié la version grand public de son rapport annuel, dans lequel il rappelle l’importance cruciale d’atteindre la neutralité carbone pour la France en 2050.
Eh bien Pierre-Hugues vous vous souvenez peut-être de ces temps reculés où l’on fumait dans les trains, les bus, et même dans les restaurants, les lycées ou les bureaux ?
Et qui s’en plaindrait… Pourtant, quand il a commencé à être question d’interdire de fumer dans les
lieux publics fermés, que n’a-t-on pas entendu de hurlements sur la liberté sacrée de fumer ! Mais l’enjeu santé du tabagisme passif a fait évoluer les mentalités. Chacun peut comprendre que si l’on peut éventuellement reconnaître un droit à s’auto-intoxiquer, le contrat social ne permet pas d’imposer cela à nos enfants, nos amis, nos collègues de bureau ou nos voisins de table.
Aujourd’hui, qui voudrait revenir en arrière ? Les enquêtes montrent que les fumeurs eux-mêmes apprécient de vivre dans une atmosphère assainie.
J’y viens ! Dans ce rapport le Haut Conseil souligne que la France est en retard sur ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Alors j’ai regardé dans quel domaine nous pourrions
avoir le plus gros levier d’action.
Dans les émissions nationales territoriales, le secteur des transports est le plus gros contributeur : il représente un tiers des émissions. En tête on retrouve, très loin devant tous les autres moyens de transport, les voitures. Elles représentent à elles seules autant d’émissions que l’ensemble de l’industrie française.
Alors j’ai bien conscience que tout le monde ne peut pas se passer de voiture, qu’il n’est pas toujours facile de passer à l’électrique, et que d’ailleurs ces voitures posent d’autres questions écologiques. Mais quand même. Quand j’entends dire qu’il n’est pas question de se priver de la liberté de rouler en voiture, je ne peux pas m’empêcher de comparer la situation de ceux qui n’ont pas et n’auront jamais de voiture, et qui sont les premières victimes des dérèglements climatiques, à une sorte de « voiturisme » passif, comme on avait autrefois le tabagisme passif…
Et comme la moitié des achats de nouvelles voitures sont des achats d’entreprise, et que celles-ci ne respectent pas leurs obligations d’achat de véhicules à faible émission, j’encourage les chefs d’entreprise et les auto-entrepreneurs qui nous écoutent à prendre conscience qu’il y a là un geste décisif, probablement plus simple que la décarbonation de leur processus de production ; j’encourage les salariés à sensibiliser leur employeur à ce sujet ; j’encourage les consommateurs à interroger les entreprises sur leurs pratiques dans ce domaine. Et bien sûr, j’encourage les particuliers à continuer à prendre le vélo, les transports en commun, les baskets, à chaque fois que c’est possible. Leur santé, la planète et tous ses habitants leur diront merci.
Pour terminer, je note que le rapport du Haut Conseil pour le Climat rappelle qu’on devrait urgemment arrêter les subventions aux énergies fossiles. Ben oui, qui imaginerait de subventionner les industries du tabac ?
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