Nous allons parler aujourd’hui des 2 autres ouvrages majeurs d’Augustin d’Hippone, son traité sur la Trinité, et celui sur la Cité de Dieu.
La Trinité
Première partie
Dans la première partie du traité, il passe en revue les textes de l’Ecriture mettant en évidence les personnes de la Trinité, leur unité divine et leurs relations, conformément aux définitions dogmatiques des conciles oecuméniques.
La tradition latine, avec Tertullien, puis Hilaire de Poitiers, a déjà proposé « une essence/substance, trois personnes »
Mais Augustin estime que le terme latin « personna » individualise beaucoup trop chacun des 3 sujets divins. La personne pour lui va signifier l’être en relation.
Augustin mettre d’abord l’accent sur l’essence divine et y distinguer ensuite les personnes. La Trinité devient alors un ensemble de relations à l’intérieur de l’essence divine.
Mais qu’en est-il alors de l’Esprit Saint, dont le nom n’est pas relatif ? Augustin surmonte la difficulté en rappelant que l'Esprit est désigné par St Paul comme un « gage » c’est-à-dire un don, ce qui implique une relation avec le donateur.
Deuxième partie
Sans la deuxième partie du traité, Augustin va tenter une approche à la fois philosophique et psychologique de la Trinité, pour convaincre ses lecteurs, d’une part que la foi cherche l’intelligence et s’accomplit en elle (crois pour comprendre, et comprends pour croire), d’autre part que l’âme humaine est une image du Dieu trinitaire.
L’approche philosophique
« Vois donc si tu peux : Dieu est vérité. Car il est écrit Dieu est lumière, non pas la lumière que voient nos yeux, mais celle que voit le cœur, lorsqu’il entend dire :Il est la vérité (8,2) »
Augustin établit l’amour comme voie de la connaissance. Dieu est vérité et il est le plus grand bien, mais il ne peut être connu que dans la mesure où il est aimé. Ce qui implique un acte de la volonté et de conversion :
« Vers quoi se tournera l’âme pour devenir une âme bonne, sinon vers le bien, puisque c’est lui qu’elle aime, qu’elle désire, qu’elle atteint (8 4) ? ».
Le sujet est ensuite appliqué à la Trinité. Pour Augustin l’amour pour Dieu et pour le prochain n’a d’autre raison que l’amour lui-même, ni d’autre cause que l’amour lui-même, puisque Dieu est amour.
L’approche psychologique
Le centre de la pensée d'Augustin est la relation intime entre l'homme et Dieu.
L’homme a été créé à l’image de Dieu ; Augustin discerne donc dans l’âme des similitudes avec la Trinité. Cette analogie se présente sous forme de 2 triades : L’âme est esprit (mens), connaissance (notitia), amour (amor) ou, encore mieux, mémoire, intelligence et volonté.
L’âme commence par se découvrir comme mémoire. La mémoire n’obéit pas aux lois qui régissent les corps. Par la mémoire nous triomphons de la succession temporelle. L’analogie avec le Père correspond à la primauté de la mémoire dans le processus de la connaissance humaine. La mémoire renvoie donc au Père, inengendré et éternel.
L'intelligence, qui est notre faculté représentative, productrice de concepts, renvoie au Verbe, qui est le Concept divin, la Pensée du Père.
La Volonté, c'est en nous la faculté d'aimer. Elle renvoie au Saint-Esprit, amour du Père et du Fils et mystérieuse liaison divine, omniprésente et agissante.
En nous la mémoire, l'intelligence et la volonté sont consubstantielles et leurs relations dans la connaissance sont semblables aux relations trinitaires.
La Cité de Dieu
En août 410, Rome est prise par les Wisigoths, menés par leur roi Alaric.
Les païens considèrent alors que l’avènement du christianisme est à l’origine de la chute de Rome. Pour combattre cette idée saint Augustin entreprend l’écriture de la Cité de Dieu.
Le thème qui récurrent, est celui des 2 cités :
« Deux amours ont donc bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité de la Terre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité de Dieu. » (14, 28)
Contrairement à l’interprétation politique, la cité de Dieu ne se confond pas avec l’Eglise institutionnelle. La cité de Dieu, plus qu’une organisation, est la relation qui unit entre eux par l’amour les chrétiens libérés par la grâce.
De même la cité de la terre n’est pas l’Etat, mais la communauté des hommes soumis au péché originel, avec ses conséquences sur l’organisation du monde et sur les relations entre les hommes.
Les 2 cités sont imbriquées l’une dans l’autre, comme le bon grain et l’ivraie de la parabole. Le partage entre l'amour de Dieu et l'amour de soi qui fonde les deux cités, se fait au fond des cœurs et reste le secret de Dieu.
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