Il est largement admis aujourd’hui qu’un certain nombre de récits bibliques, comme la Genèse, s’inspirent de mythes anciens et qu’on ne peut pas les aborder comme des textes historiques. Ils sont racontés avec le point de vue et l'interprétation de celui qui l’écrit. Quelle valeur ont ces textes ? Cette affirmation remet-elle en cause les fondamentaux de la foi ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Véronique Alzieu et Melchior Gormand.
Les textes bibliques s'inspirent de mythes anciens, mais ont été longtemps considérés comme historiques. Toutefois, avec les progrès de la science, les recherches ont prouvé que la Bible et en particulier le texte de la Genèse ne racontent pas comment est né l'univers, ni la Terre, ni l'humanité. Quelle valeur accorder à ces récit bibliques ?
Le dominicain Jean-Baptiste Humbert a passé 54 ans à l’École Biblique et Archéologique de Jérusalem. Comme archéologue il a réalisé de nombreuses fouilles. "Ces textes ont la valeur qu’on leur donne et que leur porte leur écriture !", affirme-t-il. Donner de la valeur à un texte historiquement faux, qui relève de l'interprétation de son écrivain n’est pas chose aisée et semble très personnel. C'est ce que souligne le religieux assomptionniste Sylvain Gasser : "les récits bibliques sont comme une littérature à part qui est très riche. Je suis toujours très marqué de voir dans ces récits l’Humanité se mettre à nu. Ces écrivains bibliques ont toujours tenté de mettre en littérature le lien de l’Homme à Dieu à travers différents genres littéraires : les mythes, les fables, les livres de prières, les psaumes, etc."
Ils ont la valeur qu’on leur donne et que leur porte leur écriture !
La question de l’interprétation est posée, mais le terme de mythe laisse croire que ces textes sont peu crédibles. "Le mythe ne détruit rien, il est le mode de pensée", selon le frère Jean-Baptiste Humbert. "L’histoire est un concept né après la bible, et le 19e siècle a fabriqué un cerveau complètement historisé. La bible, ce sont des mythes avec des bribes d’histoires. À l’époque de son écriture, on vivait dans un langage de métaphores, d’images et de poésies", complète-t-il.
Philippe Abadie est prêtre du diocèse de Lyon et professeur émérite à la faculté de théologie de l'université catholique de Lyon. Il fait une distinction entre la vérité et la véracité : "la véracité se rapproche au plus de ce qu’il s’est passé. On veut que le récit colle à l’histoire, mais le récit a son propre monde de vérité. Dans la bible, on est dans le pourquoi, pas dans le comment. On tente de donner du sens à l’interrogation du monde." Pour Sylvain Gasser, les écrivains sont devant une grande question irrésolue, et ils tentent de la raconter : "Mettre des mots sur quelque chose qui, de toute façon, nous dépasse, voilà la force du mythe", explique-t-il.
"L’histoire d’Adam et Eve est une germination sur le long terme, explique le frère Jean-Baptiste Humbert, ce n’est pas de l’histoire". Ça ne remet donc pas en cause la question de la foi, car c’est une histoire racontée. "Tout repose sur le sens", complète le dominicain. Ces récits viennent ainsi accompagner certains croyants : "ces textes sont des réponses aux croyants qui eux, y donnent le sens de commencement", ajoute Philippe Abadie.
"Qu’est-ce qui nous prouve que l'évangile n’est pas en réalité un beau conte, et en particulier le passage de la résurrection ?", se demande un auditeur, Jean-Luc. Pour Philippe Abadie, les évangiles ne relèvent pas de l'histoire. "Ils ne sont pas écrits par Jésus", explique-t-il, "ils sont le point de vue de quatre auteurs croyants sur Jésus : Marc, Matthieu, Luc et Jean". D'ailleurs, quand on lit les différents évangiles, on remarque que les auteurs relatent l’histoire de manière différente, chacun avec sa propre symbolique.
Les évangiles ne relèvent pas de l'histoire.
"Lire des récits bibliques est un retour vers notre humanité et c’est pour moi une richesse inépuisable", ajoute Sylvain Gasser. Cette prise de conscience du mythe ne rend pas les récits bibliques moins vrais selon les invités, il les rend interprétables de plusieurs manières. Tout est question de point de vue et de croyance.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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