Bordeaux
Partons à la rencontre de Saint Louis Beaulieu, natif de Langon, dont la maison diocésaine de Bordeaux porte le nom. Prêtre pour les missions étrangères, Saint Louis Beaulieu consacra sa vie au partage du message du Christ, notamment en Corée où il est mort en martyr. Pour en apprendre davantage sur ce saint, nous accueillons au micro d’RCF Bordeaux le Père Gérard Faure, ancien curé de la paroisse de Saint Genès-Nansouty. Ayant lui aussi visité la Corée, il nous confie les éléments marquants de son voyage dans les traces de Saint Louis Beaulieu, ainsi que les leçons spirituelles qu’il en a tiré pour vivre comme un saint.
Dans cet épisode de l'émission Sainte Inspiration, nous marchons sur les pas d’un Saint originaire de Gironde et dont la maison diocésaine de l’Eglise catholique de Bordeaux porte le nom. C’est au 145 rue Saint Genès et là aussi que sont les studios d’RCF Bordeaux. Saint Louis Beaulieu a décidé de faire du partage du message du Christ une vocation perpétuelle. Il a rejoint la Corée pour évangéliser des communautés locales, jusqu’à ce qu’il meure en martyr. Le père Gérard Faure, curé de la paroisse de Saint Genès-Nansouty, raconte à cette antenne la vie de cette figure chrétienne.
Le père Gérard Faure revient sur les éléments majeurs de la vie de Saint Louis Beaulieu. Ce dernier est né en 1840, au milieu d’un XIXème siècle historiquement « riche et irrégulier », selon Gérard Faure. Saint Louis Beaulieu est venu au monde d’une mère endeuillée, son père ayant perdu la vie avant sa naissance.
Après avoir étudié au petit et au grand séminaire de Bordeaux, il dû demander par quatre fois d’intégrer les prêtres des missions étrangères de Paris, avant d’y parvenir. Il s’est heurté à plusieurs refus : « Vous voulez des sauvages à évangéliser ? Je vous en donnerai moi, il y en a plein la Benauge et la Haute Lande » lui a répondu le cardinal de Bordeaux. Sa détermination finit un jour par payer. Il fût ordonné prêtre à Paris en 1864 et mourut en martyr en 1866 à l’âge de 26 ans.
Le père Gérard Faure décrit le processus d’évangélisation de la Corée, nous fournissant le contexte nécessaire pour comprendre les motifs du voyage de Saint Louis Beaulieu en Asie. « Au départ, les coréens n’étaient pas chrétiens du tout. Bouddhistes, Confucianistes, certes. », nous rappelle-t-il.
Par un heureux hasard, la chrétienté rencontra une poignée de Coréens qui furent émerveillés par le message du Christ. En effet, le père Gérard Faure explique qu’un groupe d’intellectuels issus des plus hautes tranches de la société coréenne, se réunissait secrètement chaque année afin d’étudier des ouvrages. Un jour, ils consultèrent un livre de catéchisme traduit en chinois par le père Ricci, prêtre jésuite italien. Ils furent tout de suite séduits par le caractère universel de la création et du salut. La révélation de l'égalité innée des Hommes ébranla profondément leur vision du monde social, car le confucianisme, fondé sur un système de castes et d'inégalités, se voyait ainsi remis en question.
Ils profitèrent donc de la présence d’une délégation royale à Pékin, pour y envoyer secrètement un des leurs se faire baptiser. A son retour, celui-ci baptisa ses amis en retour. Au final, « Quand un deuxième prêtre entrera en Corée, il y aura entre 4 000 et 6 000 catholiques chrétiens baptisés», souligne le père Gérard Faure. Peu après, le Pape reçut un courrier de l’évêque de Pékin lui demandant d'envoyer des prêtres évangéliser la Corée. Le pape accepta, malgré les dangers, les difficultés, et les coûts que ce voyage impliquait.
A cette époque, beaucoup de jeunes prêtres de la génération de Louis Beaulieu étaient prêts à donner leur vie pour l’évangélisation de la Corée au nom du Christ. C’est ainsi que Saint Louis Beaulieu entama son long périple vers la Corée. Il lui fallut voyager 10 mois pour traverser la Chine en secret, parfois le visage dissimulé par des vêtements traditionnels de deuil, afin de rencontrer les communautés locales. Les premiers messagers du Christ furent bien accueillis par les Coréens qui aspiraient à être évangélisés. Mais ils furent persécutés par ceux qui rejetaient toute remise en question du système de castes qui préexistait. Pour cette raison, Saint Louis Beaulieu fut tué en martyr avec plusieurs de ses semblables.
Le Père Gérard Faure révèle la générosité du sacrifice de Louis Beaulieu, soulignant comment ce don de soi, offrant une lumière précieuse aux autres croyants, conférait à son sacrifice une signification profonde.
Un vrai martyr c’est quelqu’un qui en donnant sa vie, donne la vie. Aujourd’hui on appelle martyrs, certains islamistes qui, eux, donnent la mort. C’est très différend.
Le Père Gérard Faure nous confie que lors de ses deux visites en Corée, il a été profondément marqué par l'accueil chaleureux des Coréens envers les étrangers, malgré la rareté de ces derniers dans le pays. « Nous étions chaque fois accueillis de façon grandiose ». Un sourire illumine son visage lorsqu'il se remémore la musique de Charles Gounod qui résonnait à chaque messe.
Il invite à embrasser la rencontre de l'autre lors des voyages : « Quand on voyage, il faut aller à la rencontre de quelqu'un. » Dans de nombreux pays où les chrétiens sont rares, comme en Corée où ils ne représentent que onze pourcents de la population, la vitalité de la foi chrétienne demeure intacte. Il souligne que les Coréens, avides de découvertes et de rencontres au-delà de leurs frontières, révèlent une profonde ouverture sur le monde et envers les étrangers. Pour lui, l'évangile se partage, et c'est dans cette démarche de voyage et d’échange que réside sa véritable essence.
Les Journées Mondiales de la Jeunesse à Séoul (JMJ), en 2027, pourraient par exemple offrir une opportunité précieuse de rencontrer, vous aussi, les Coréens, et de suivre les traces de Saint Louis Beaulieu sur ce chemin de découverte et de foi.
Cet épisode nous révèle que la rencontre avec l'autre est un puissant vecteur pour diffuser la parole du Christ, Saint Louis Beaulieu en étant l'incarnation même. Le père Faure conclue cet épisode avec l’idée que la chrétienté unit parfois des personnes très différentes, l’universalité de la foi transformant notre diversité en une profonde égalité. En effet, c’est parce que nous sommes tous issus du même Créateur qu'il est essentiel d'ouvrir notre cœur à l'autre. À l'image des Coréens rencontrés par le Père Gérard Faure qui, au cours de son voyage, lui ont offert de véritables leçons de générosité, de bienveillance et d’accueil, nous découvrons dans cette épisode que chaque rencontre est une opportunité précieuse pour partager l’amour et l’unité divine.
Pour aller plus loin :
Consulter le site web de la maison Saint Louis Beaulieu : Pourquoi le nom de maison Saint Louis Beaulieu - Maison saint Louis Beaulieu
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