On peut prier pour être guéri, pour obtenir un emploi ou faire une rencontre amoureuse... De fait, prier, ça veut dire demander. Mais on n'est pas sûr d'être exaucé ! Pour le Père Patrick Royannais, toute prière vers Dieu, qu'elle soit demande, louange ou action de grâce, est une réponse à l'amour du créateur. Prêtre du diocèse de Lyon et docteur en théologie et en anthropologie religieuse, il livre un regard nouveau sur la prière.
Il y a chez les chrétiens une attente très forte de la prière. On s’en rend compte en lisant "Et tu ne réponds pas – Une théologie de la prière" (éd. Salvator), le livre du Père Patrick Royannais, qui a reçu le grand prix Spiritualité du salon RCF du livre et des médias chrétiens de Dijon. Prêtre du diocèse de Lyon, et docteur en théologie et en anthropologie religieuse, il livre un regard nouveau sur la prière.
On peut même parler d’une certaine pression autour de ce qui serait une prière réussie. D’ailleurs il n’est pas rare d’entendre certains dire qu’ils ne savent pas prier. Sans doute gardons-nous "dans nos structures de pensée" ou "dans nos manières de croire" cette idée qu’avaient déjà les Romains de l’Antiquité selon laquelle il faut bien prier pour être exaucé, suppose le prêtre.
Pour Jésus, "prier n’est pas un acte religieux", explique Patrick Royannais. Dans le Nouveau Testament, on ne le voit pas prier au temple ou à la synagogue : il y enseigne, mais ce n’est pas là qu’il prie. "Jésus prie dehors et de nuit : il y a une espèce de rupture par rapport aux conceptions classiques dans les religions – si l’on peut rassembler les religions sous un seul chapitre… On n’est pas dans le cadre de la religion, à savoir le temps, à savoir des pratiques rituelles."
Pourquoi prier la nuit ? Pourquoi dans le désert ? "La nuit, il n’y a rien pour cadrer les choses, nous dit Patrick Royannais, si je me réfère à Jean de la Croix, la nuit c’est le lieu de toutes les tentations, éventuellement de toutes les peurs : il n’y a plus de sécurité, à la limite on est désorienté." De même, "quand on est tout seul dans le désert, à ce moment-là il n’est plus possible de croire qu’on tient Dieu : il n’y a plus rien qui nous raccroche, alors tout peut arriver". La prière devient comme "une lutte, pour essayer de rester à Dieu et d’écarter tout ce qui nous séparerait de lui".
Prier ça veut dire demander, rappelle le prêtre. (Ne dit-on pas : Je vous prie de bien vouloir… ?) "De fait lorsque nous prions, très souvent, ce que nous exprimons ce sont des demandes." Cependant, et c’est là toute la thèse que défend Patrick Royannais : la prière est une réponse.
"Quoi que nous demandions, que nous rendions grâce, que nous soyons dans la louange ou la demande de pardon... notre prière est toujours une manière de répondre à l’amour de Dieu qui est premier." La vie chrétienne c’est de répondre à Dieu, à son amour qui est premier et qui a tout créé. C’est être "dans l’essai de transformer sa vie, de la convertir en réponse à Dieu". C’est se comprendre soi-même comme réponse à l’interpellation de l’amour des autres et de Dieu".
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