L'affaiblissement du christianisme dans notre civilisation occidentale comme le recul de l'Église dans la société peut inciter les chrétiens à désespérer. Ou à espérer la restauration d'une société chrétienne. Or, pour le dominicain Adrien Candiard il ne faut pas confondre le triomphe de la chrétienté avec le projet de Dieu. Il nous enjoint à chercher l'espérance dans le réel, ici et maintenant. Et à y trouver des traces de la vie éternelle.
Dans son livre, "Veilleur, où en est la nuit ?" (éd. Cerf), Adrien Candiard dresse un état des lieux du malaise général de la société française. Ce dominicain qui vit au couvent du Caire, en Égypte, depuis 2012 est un fin connaisseur de l’islam. Il a écrit l’essai remarqué "Comprendre l’islam" (éd. Flammarion, 2016). Cette fois c’est le contexte européen qui l’intéresse, et en particulier français. "Quand on ne vit pas en France on a un regard sur la France différent", dit-il. Et le sien reste étonné de cette "obsession" bien française "pour notre propre malheur".
Depuis le XVIè siècle, la croissance économique incitait à croire que l’histoire avait un sens, celui du progrès. Aujourd’hui, on ne sait plus bien quel sens donner à notre temps. Et les chrétiens eux aussi semblent désespérer. "Là où les chrétiens pourraient à partir de leur foi savoir davantage déchiffrer les signes des temps, les signes des temps sont illisibles et quand ils sont lisibles ils sont plutôt inquiétants."
C’est dans la Bible qu’Adrien Candiard est allé puisé pour nous parler de l'espérance. Et plus particulièrement du côté prophète Jérémie, celui qui a pourtant donné son nom aux jérémiades ! Il vivait "à une époque moins réjouissante que la nôtre", celle de la fin du Royaume de Juda : il a assisté à la destruction temple, à la déportation des élites… Mais il nous enseigne que même si "on va dans le mur, Dieu est plus grand que le mur". Et qu’il ne faut pas confondre les idées et les intérêts politiques, proprement humains, avec le projet de Dieu.
"L’idée de l’échec alors qu’on est du côté de Dieu est insupportable." Aussi, "l’affaiblissement significatif du christianisme" dans notre civilisation, et celui de l’Église dans notre société française, peuvent-ils inciter les chrétiens à croire que Dieu n’est pas avec eux. Ou qu'ils vont reconstruire une société chrétienne telle qu’elle aurait existé : "une illusion grave", prévient Adrien Candiard. Car "rien dans la foi chrétienne n'indique que la chrétienté soit nécessaire". "Ce qui est dramatique c’est quand on confond la société chrétienne avec le salut, avec le projet de Dieu."
L'espérance, ce n’est pas un parti-pris sur le monde, espérer réclame du réalisme
"L’espérance, c’est l’amour du réel, c'est l'amour de ce qui est parce que c'est ça que Dieu fait exister. L'espérance, ce n’est pas un parti-pris sur le monde, espérer réclame du réalisme." Les chrétiens sont donc incités à regarder le monde comme il est : c'est-à-dire créé par Dieu, "créé bon et en même temps marqué par le péché". Une complexité qu’il nous faut aimer.
La vie chrétienne est plus simple qu'on l'imagine : c'est la vie avec Dieu, présence aimante, accompagnante. "On est là pour vivre la vie éternelle, qui est cette vie à laquelle on aspire tous, plus ou moins confusément. Croyants ou non croyants, on sent bien qu'on est fait pour une vie profonde, épanouissante, une vie de joie." La vie éternelle est déjà là, puisqu'elle est éternelle. Et "ce que nous vivons en ce monde peut en partie être éternel", il s'agit de "nos actes et nos relations d'amour".
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