"Femme, grande est ta foi !"
Méditation de l'évangile (Mt 15, 21-28) par le père Emmanuel PIC
Chant final: "En Jésus seul" par Hélène GOUSSEBAYLE
En ce temps-là,
Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires,
disait en criant :
« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Les disciples s’approchèrent pour lui demander :
« Renvoie-la,
car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n’ai été envoyé
qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit :
« Oui, Seigneur ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, grande est ta foi,
que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Source : AELF
Elle est femme. Pire encore : elle est païenne. Et la voilà qui vient casser les oreilles de Jésus et de ses disciples pour réclamer, pour sa fille, un miracle auquel elle n’a pas droit. Jésus, en effet, n’est pas venu pour elle. Il n’a été envoyé qu’aux bons croyants. C’est normal : la promesse de Dieu a été faite à Abraham et à sa descendance, et ce n’est que dans un second temps, une fois la promesse accomplie, que les païens pourront en ramasser les miettes. Jésus, donc, refuse.
La voilà qui s’entête : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Dieu, viens à mon aide : ainsi commencent toutes les prières dans les abbayes. Celle-là, se dit Jésus, elle sait prier.
Tous les prêtres connaissent ce genre de personnes, que l’on ne voit jamais à la messe, dont les enfants ne vont pas au catéchisme, mais qui viennent quand même les voir : pour un mariage, pour un baptême, pour les obsèques de leurs vieux parents. Mais pourquoi donc viennent-ils ? Ils demandent la même chose que cette païenne : Seigneur, viens me donner un coup de main. Viens m’aider à démarrer mon couple sur de bonnes bases, à exprimer la joie profonde que j’ai ressentie en devenant père ou mère, à prier pour ceux que j’aime et qui m’ont quitté.
Notre première réaction est sans doute celle de Jésus : je n’ai pas envie de perdre mon temps avec vous.
Mais Jésus ne s’arrête pas là. « Femme, grande est ta foi » : il reconnaît en cette païenne une croyante, tout en sachant bien qu’elle ne pourra jamais trouver sa place dans le petit groupe de fidèles qui se sont mis à sa suite. Il n’aura sans doute jamais plus de ses nouvelles, pas plus que nous ne revoyons ces centaines d’hommes et de femmes qui ont un jour tiré la sonnette du presbytère avant de disparaître pour longtemps.
Le défi de l’Église aujourd’hui, ne serait-ce pas de reconnaître la foi des mal-croyants, des incroyants, des sans-religion, qui n’ont certes pas l’intention de devenir disciples, mais qui savent tout le bien qu’il y a pour eux à demander la grâce de Dieu ?
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