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Jean Chrysostome : L'évêque à la bouche d'or

Un article rédigé par Jean Charmois - Dialogue RCF (Aix-Marseille),  - Modifié le 21 novembre 2021
À l'écoute des PèresJean Chrysostome (1/4) L’évêque à la « bouche d’or »

Cette émission s'intéresse à Jean Chrysostome connu parmi les pères de l'Église pour son éloquence, et son influence sur l'orthodoxie.

(Pixabay)(Pixabay)

Jean d'Antioche, appelé Chrysostome, c'est-à-dire "Bouche d'or" en raison de son éloquence, est né autour de 349 à Antioche de Syrie (aujourd'hui Antakya, au sud de la Turquie).

La véritable vocation de Jean était le service pastoral : l'intimité avec la Parole de Dieu, avait fait mûrir en lui l'urgence irrésistible de prêcher l'Evangile. Devenu diacre en 381 et prêtre en 386, il devient un célèbre prédicateur dans les églises de sa ville. 

Nectaire, évêque de Constantinople, meurt en 397. Eutrope, favori et conseiller de la cour, désigne Jean. Jean fut littéralement enlevé et emmené à Constantinople où Théophile d’Alexandrie dut présider au sacre.

Plein d'attention à l'égard des pauvres, Jean fut également appelé l'"Aumônier". 
Mais il ne connut pas une vie tranquille. Pasteur de la capitale de l'Empire, il se trouva souvent concerné par des questions et des intrigues politiques, en raison de ses relations permanentes avec les autorités et les institutions civiles. Il critique l’impératrice Eudoxie pour ses mœurs avec ses courtisanes, ce qui lui vaut le discrédit et des insultes. Un prétexte contre lui fut la présence de plusieurs moines égyptiens origénistes, excommuniés par le patriarche Théophile d'Alexandrie et qui s'étaient réfugiés à Constantinople. Théophile irrité se venge et il réunit en 403 près de Chalcédoine le Synode du Chêne. Jean est déposé et condamné à l’exil dans des conditions atroces : l’armée envahit l’église où il célébrait Pâques et comme les fidèles voulaient protéger Jean, il y eut un énorme massacre.

Très peu de temps après, il fut rappelé par l’impératrice effrayée d’un incident qu’elle interpréta comme un châtiment divin. Après son retour marquèrent le début de la persécution des fidèles de Chrysostome, qu'on appelait les "Johannites".

Jean dénonça alors les faits, par écrit, à l'Evêque de Rome, Innocent I qui n’a rien pu faire pour lui. Mais il était désormais trop tard. En l'an 406, il dut à nouveau partir en exil, cette fois à Cucuse, en Arménie. Le voyage épuisant de Cucuse vers Pytius, un objectif qu'il n'atteignit jamais, fut une véritable condamnation à mort! 

La marche vers la mort s'arrêta à Comana dans le Pont. C'est là que Jean, moribond, fut conduit dans la chapelle du martyre saint Basilisque, où il rendit son esprit à Dieu et fut enseveli, martyr à côté d'un martyr. C'était le 14 septembre 407, fête de l'Exaltation de la sainte Croix. 

 

Œuvres

Chrysostome est avec Origène et Augustin le Père de l’antiquité le plus prolifiques. De lui, nous sont parvenus 17 traités, plus de 700 homélies authentiques, les commentaires à Matthieu, à Jean et à Paul (Lettres aux Romains, aux Corinthiens, aux Ephésiens et aux Hébreux), et 241 lettres.

Il transmit la doctrine traditionnelle et sûre de l'Eglise. Sa théologie est typiquement pastorale, avec la constante préoccupation de la cohérence entre la pensée exprimée par la parole et le vécu existentiel. Les deux choses, connaissance de la vérité et rectitude de vie, vont de pair:  la connaissance doit se traduire en vie. 

A noter cependant deux séries d'homélies doctrinales : 

  • «Homélies sur l'incompréhensibilité de Dieu» réfutent la prétention d'Eunome à connaître adéquatement l'essence divine, sont un admirable exposé sur l'apophatisme et la connaissance négative de Dieu 
  • «Homélies sur l'égalité du Père et du Fils». sur la théologie trinitaire. 
  • Toute son œuvre est pénétrée de l’amour de l’Écriture.

 

Bouche d’or et franc parler

La parole n’étant rien sans l’exemple, Jean n’hésita pas à vendre les biens considérables de son Eglise pour nourrir les foules de miséreux attirés par la création de la nouvelle capitale. Ce qui lui valut l’animosité des puissants. 

Cette liberté de parole, d’une certaine façon, lui a coûté la vie. Encore aujourd’hui, on trouve dans sa bouche des propos qui passent les limites du « politiquement correct ». 
Anticonformiste, provocateur même, il l’est un peu. Mais ce n’est pas un rebelle et encore moins un révolutionnaire et il ne saurait être taxé d’anticléricalisme. Même s’il a bien dit : 

Croyez-vous que la vie de foi consiste à aller toujours à l’église ? Ce n’est rien, si nous n’en recueillons pas de fruit. Si nous n’en rapportons rien, il vaut mieux rester chez nous. 


La tradition a fait de lui une « Bouche d’Or », ses textes laissent plutôt deviner une « langue de feu » et le contraire d’une « langue de bois »…

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