Elle a ses détracteurs autant que ses partisans : l'évangélisation de rue se modernise et le mouvement semble de développer. Longtemps cantonnée aux seuls protestants évangéliques, la pratique se déploie désormais dans d'autres courants chrétiens, notamment catholiques. Dans la forme aussi, les propositions sont diverses.
« Bonjour ! Excusez-nous de vous déranger. On fait partie de l'association Agapé Campus et on a un jeu de cartes à vous proposer. À partir de 50 photos, on vous pose quatre questions et vous pouvez choisir une ou plusieurs photos pour répondre à la question, ça vous dit ? » L'entrée en matière est franche et spontanée pour Sophie, Beneth et Emma. Elles sont membres de l'association protestante Agapé Campus et tous les mardis midi, elles et d'autres adhérents se rendent auprès des étudiants à Lyon pendant leur pause déjeuner pour discuter de spiritualité. « En règle générale, on n'a pas envie d'y aller » reconnaît Sophie Delay. « Nous n'avons pas le don d'évangéliste. Nous on a peur, on tremble un peu mais on y va parce qu'on croit que c'est important » poursuit l'aumônière, engagée à temps plein dans la mission. Toutes les trois engagent donc la discussion avec les étudiants présents sur une esplanade à Sans-Souci. Après deux refus polis, le troisième groupe sera le bon pour les équipières : Églantine et Marie, deux étudiantes en droit préparant leurs partiels acceptent de se prêter au jeu des photos.
Le principe est simple : elles feuillettent un porte-vues contenant une cinquantaine de photos variées pendant que Sophie, Beneth et Emma les questionnent sur leur rapport à la foi. Surprise : les deux filles se disent catholiques, à différents niveaux d'engagement personnel. « Ça arrive de temps en temps de rencontrer des étudiants qui ont la foi mais à 18-20 ans, ils sont au carrefour de "est-ce que c'est la mienne ou est-ce que c'est ma culture". C'est pour ça qu'on leur pose des questions pour leur demander : et toi, tu en es où dans ce carrefour-là en ce moment ? » explique Sophie Delay, après un échange d'une petite demi-heure avec les étudiantes. L'exercice n'est pas évident, tant pour les équipiers d'Agapé Campus que pour les étudiants. « Je trouve ça chouette de voir la confiance qui se crée parce que, mine de rien, en France, parler de foi et de religion, c'est hyper intime et personnel et avec nous, ils disent des choses quand même » estime Sophie Delay.
Agapé Campus n'est pas la seule association à vouloir transmettre l'Évangile en-dehors des Églises et en particulier dans la rue. Cela s'appelle l'évangélisation de rue. En France, la pratique est multiforme, allant de la proclamation dans la rue à l'occasion de la Fête des Lumières à Lyon aux processions de Pâques, en passant par les prières spontanées. Difficile de quantifier l'ampleur du phénomène mais il gagne différentes mouvances du christianisme, qui redécouvrent l'appel de Jésus à annoncer l'Évangile. « Chaque chrétien est appelé à vivre sa mission de témoignage, d'évangélisation » affirme le diacre et chapelain Adel Camel, en charge des chemins de Croix de la Basilique de Fourvière. « On a reçu beaucoup de grâce, on a reçu le salut par le Christ et la moindre des choses, c'est de témoigner de cela pour aider d'autres personnes à vivre la même victoire par la Croix ».
Ainsi, à Lyon, des associations comme Jeunesse en Mission, Anuncio, les Gédéons ou les Groupes Bibliques Universitaires mais aussi de plus en plus de paroisses locales, comme l’église SOS, le Chemin Neuf ou encore l’église Lyon Centre, proposent de l’évangélisation de rue. La paroisse Saint Roch en Val de Saône à Cailloux-sur-Fontaine propose même une semaine de mission pour entraîner les paroissiens à être missionnaires. Pour Jean-Baptiste Mary, le séminariste qui coordonne le projet, « il faut déjà entrer dans cet élan missionnaire, désirer aller vers les autres, c'est pas forcément naturel pour tout le monde. C'est déjà être missionnaire que d'avoir le souci de faire rencontrer l'Évangile à ses voisins ou à ceux que l'on connaît ». Car la frontière est tenue entre l'évangélisation, qui veut faire connaître, et le prosélytisme, qui cherche à convaincre. En début d'année, le Collège des Bernardins a même proposé une formation en ligne de six semaines sur l’évangélisation, animé par Raphaël Cornu-Thenard, à l’origine du Congrès mission.
D’après un sondage BVA commandé par le Conseil national des évangéliques de France en 2016, 29% des Français seraient ouverts à l’évangélisation directe en public.
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