L’abbaye de Landévennec se prépare à accueillir la traditionnelle Marche de la paix du 1er janvier. Un moment qui aura une symbolique plus forte cette année, alors que la guerre ravage de nouveau la Terre Sainte.
La Marche de la paix, à l’abbaye de Landévennec, dans le Finistère, est un rendez-vous qui date d'un peu plus de 20 ans. Il a été créé à l’initiative de laïcs engagés dans le mouvement Pax Christi, organisation chrétienne pacifiste lancée après la seconde guerre mondiale dans un esprit de réconciliation entre la France et l'Allemagne en particulier. « Pax Christi est un mouvement qui a eu un rôle important dans les années d'après-guerre et on le comprend bien. C'est un mouvement international de l'Eglise qui a le souci d'être un acteur de paix, tout simplement », raconte le frère Jean-Michel Grimaud, abbé de l’abbaye de Landévennec. Quant à la date de cette marche, elle correspond à la Journée Mondiale de la Paix, qui a lieu chaque 1er janvier depuis 1968 et le pontificat de Paul VI.
« Le pape adresse aux catholiques du monde entier, ainsi qu’aux hommes et aux femmes de bonne volonté, un message de paix chaque 1er janvier. Cette année, le thème de ce message est : Intelligence artificielle et paix », continue le frère Jean-Michel. « C'est une manière de se souhaiter des vœux et aussi de ne pas être seul, de marcher avec d'autres, parce que la paix ne se construit jamais tout seul. Il y a une dimension de fraternité et puis pour les chrétiens une dimension de de spiritualité. Nous croyons que la paix est un don de Dieu et donc la prière, la méditation de la Parole de Dieu, le message de l'Eglise qui a reçu mission d'annoncer l'Évangile, nous permet d'être avec d'autres acteurs de paix dans ce monde. C'est le sens de cette marche qui est ouverte à tous. »
Cette année, la Marche de la paix va prendre sans doute une dimension particulière car de nombreux conflits ensanglantent le monde. « Aujourd'hui la terre où Jésus est né est marquée par la guerre et la violence. Cette marche pour la paix sera aussi l'occasion de prier pour la paix en Terre Sainte. » Sans oublier les conflits et les situations de violences peut-être moins médiatisés. « On est vraiment sur une démarche universelle pour la paix. C'est sûr qu’il y a des lieux-phares dont on parle, et puis on sait bien que l'actualité médiatique fait qu'on va focaliser sur un lieu un jour et que le lendemain on va l'oublier pour s'attacher à un autre. Pour nous qui sommes européens, ça va être plus l'Ukraine qui va nous intéresser et la Terre Sainte aussi, mais il y a d'autres lieux qu'on oublie un peu plus facilement. »
C’est le cas, par exemple, d’Haïti, un pays en grande souffrance, et avec lequel l’abbaye de Landévennec a des liens forts. « Nous avons une fondation en Haïti, des frères sont présents là-bas, nous sommes sensibles à la situation de ce pays qui a besoin d'être soutenu », ajoute le père abbé. « Prier pour la paix, c'est prier pour la paix dans tous les lieux de fracture et de violences du monde mais c'est aussi prier pour la paix dans nos cœurs, dans nos familles. Ce n’est pas parce que notre pays est "en paix" qu’il n’y a pas de situation de souffrance, des situations de conflits, qui sont vécues dans la vie sociale, dans la vie professionnelle, dans la vie familiale. »
« Il n'y a pas de paix sans justice », poursuit le frère Jean-Michel, citant l’encyclique Pacem in terris, du pape Jean XXIII, et les quatre piliers pour la paix : amour et vérité, justice et paix. « On voit bien, dans tous les lieux de conflits, que l'absence de paix est liée aussi à de l'injustice. Si on veut construire la paix, il ne suffit pas de dire d’arrêter d'être violent. Il faut aussi mettre en place un art de vivre en société qui soit attentif aux situations d'injustice, aux situations de souffrance... Sinon on n’obtiendra jamais la paix. C'est un enjeu éthique et social. Il y a une dimension nationale et internationale, mais ça commence forcément à partir de sa propre situation. Notre manière d'être acteur de paix au niveau local, au niveau personnel, à un impact sur la paix dans le monde. Marcher ensemble pour la paix est une manière de nourrir la fraternité dans l'intergénérationnel. Voilà un peu le sens de cette journée ! »
Pour cette Marche de la paix, rendez-vous à 10h30, lundi 1er janvier, pour l'eucharistie en l'église abbatiale de Landévennec. A 15h, marche depuis l'église du bourg, suivie d’un goûter, et enfin à 17h30 sont proposées des vêpres œcuméniques.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !