Le thème de l’espérance a été lancé par le pape François à l'occasion de cette année jubilaire. Un paradoxe dans une époque où tout semble aller de plus en plus mal. Une occasion de saisir ce qu'est l’espérance chrétienne, alors même que d'autres croyances ont pris place.
“Nous sommes vraiment dans un temps de crise où il n'y a plus de grands récits, l’espace est comme restreint. Et je crois que le pape a voulu justement redonner un souffle, ouvrir l'horizon, à la fois au niveau de l'histoire et de la transcendance” explique le père Jacques Trublet, jésuite, professeur émérite d'Ancien Testament à la faculté Loyola.
Crise contemporaine, ou peur depuis les temps anciens, les questions soulevées par la perte de confiance sont déjà posées dans l’ancien Testament. Les prophètes vont lutter contre la désespérance qui vient du fait que l'homme spontanément ne s'accroche pas à Dieu. “Il s'accroche aux idoles, c'est-à-dire qu’il met ses forces, dans les chevaux, dans la cavalerie et l'armée. Et nous dans l’argent, le soleil, les loisirs mais ce n’est pas là qu'est la solidité, ça, ça tient pas très très longtemps”.
Pendant toute une époque, le concept d'espérance dans le christianisme, semble s’être étiolé, évaporé. “Quand j’étais enfant, nous chantions des cantiques du 19ème siècles, qui promettaient l’espérance là-haut : je passe ma vie à préparer mon ciel, la terre est transitoire, l’important c’est ce qui m’attends dans la rencontre avec Dieu là-haut. Ce qui n'est pas entièrement faux. Mais on passait à côté du christianisme qui est enraciné dans l’histoire, dans l’aujourd’hui” insiste le père Jacques Trublet.
Quand j’étais enfant, nous chantions des cantiques du 19ème siècles, qui promettaient l’espérance là-haut
Les espérances laïques, et notamment marxiste ont surgi de manière très forte. “Les messianismes laïcs ou même athées ont pris leur place en disant “attention, l'important ce n'est pas le ciel, c'est de transformer l'histoire, de transformer l'homme Ce n'est pas de s'évaporer dans un au-delà qui est tout à fait incertain ou tout à fait imaginaire” remarque ce Jésuite.
Quelle que soit l’époque, ce que nous affrontons perdure : la souffrance, la mort de nos proches, la maladie, les guerres. “Or, ce n’est plus tellement auprès des aumôneries qu'on vient chercher le sens du métier, ou le sens de la vie. On cherche une transcendance séculière, comme le dépassement de soi, des gens qui sont prêts à donner leur vie pour un monde meilleur, pour laisser leur nom dans l'histoire. Ça, c'est leur grande espérance", détaille le père Trublet.
Les chrétiens, est-ce qu'ils ont quelque chose de spécifique à apporter dans un monde qui a trouvé d’autres lieux d’espérance et de transcendance ? “Oui, c'est vrai qu'on peut vivre sans référence à Jésus-Christ, sans référence à Dieu. Il ne faut pas projeter sur les autres, une foi qu'ils n'ont pas ou une espérance qu'ils n'ont pas. Ils peuvent donner un sens à leur vie qui n'est pas celui que moi je donnerais à la mienne” reconnait le père Jacques Trublet.
Mais comme chrétien, qu’est ce que l’espérance? “C'est de dire, je crois en un Dieu qui est capable de transformer l'histoire, de transformer la mort en vie, de transformer l'histoire du monde en paix. A travers ce qu'on peut voir à Gaza, en Ukraine, ou ailleurs, l’espérance en Dieu c’est de pouvoir croire que la fin de l'homme ou la fin de l'humanité, ce n'est pas le chaos, ce n'est pas le cataclysme, c'est que les hommes sont capables de s'aimer. C'est ça l'espérance chrétienne, ce n'est pas autre chose”.
La lecture de l’Ancien testament vient révéler une certaine curiosité. Coté sémantique, l’espérance est présente mais… comme un verbe, non pas celui d’espérer, mais plutôt comme une action, un mouvement. “Ce qui est frappant c’est que l'Ancien Testament ne distingue pas tellement de ce que nous, nous appelons la foi, c'est-à-dire l'adhésion à Dieu, de l'espérance. C'est un peu les mêmes mots qui vont servir pour les deux” détaille le père Jacques Trublet. Il s’agit d’une attitude qui consiste à s'appuyer sur Dieu, à s’accrocher à Lui. “Le mot qui revient le plus pour désigner l’espérance, c’est une corde tendue à laquelle on est accroché. Et je crois que l'espérance dans l'Ancien Testament, c'est justement ce double accrochage, être enraciné en Dieu, accroché à Dieu, et en même temps... être emmené vers un au-delà, accroché à un Dieu qui vient dans notre histoire”.
L'espérance chrétienne, c’est de pouvoir croire que la fin de l'homme ou la fin de l'humanité, ce n'est pas le chaos, ce n'est pas le cataclysme, c'est que les hommes sont capables de s'aimer. Ce n'est pas autre chose
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