Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé L’Évangile de ce dimanche nous parle de deux hommes en prière, l’un paradant, emprisonné dans sa suffisance, l’autre, se sentant indigne mais osant une parole d’appel. Un pharisien et un publicain mis en scène par Jésus qui désire, grâce à une parabole, réveiller ceux qui l’écoutent et les amener à sortir de leurs croyances. Explications de James Woddy. "Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé"
Évangile du dimanche 23 octobre (Lc 18, 9-14)
À l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Source : AELF
"Certains qui étaient convaincus d’être justes..." : de qui parle-t-on ? "Les convaincus, ce sont ces intégristes qui pensent détenir l'intégralité de la vérité en matière de religion et qui surtout considèrent que leur façon de comprendre la religion et leur façon de vivre la religion est la norme à partir de laquelle tous les autres devraient penser leur propre foi." Le pharisien est l’image de celui qui obéit aux règles et s’en satisfait. "À partir où on respecte la loi, on est quitte de ses obligations religieuses" et on a fait son devoir de croyant : ainsi pense le pharisien.
À travers cette parabole, Jésus s’adresse "au pharisien qui est en nous", car on peut tous être tentés par le pharisianisme ! "Jésus nous fait bien comprendre que ce n'est pas d'abord la liste des tâches que nous faisons qui est significative mais l'intention avec laquelle nous agissons." Ainsi pouvons-nous nous poser la question pour nous-mêmes : dans notre vie professionnelle, est-ce que nous nous contentons de notre fiche de poste ? Dans notre vie familiale, suffit-il de suivre le Code civil ? Le pasteur nous alerte : la foi chrétienne, c’est "en permanence inventer la façon d'être qui correspond à l'esprit dans lequel Jésus a placé ses disciples".
Dans cet évangile, il y a "un décalage", nous dit James Woody, entre l’attitude "en apparence très pieuse" du pharisien, mais qui est "en réalité très hypocrite". "L'évangéliste Luc démonte le mécanisme de l'hypocrisie pharisienne, qui consiste à avoir une vie très bien réglée mais qui intérieurement est un désordre sans nom." En effet, la loi est supposée développer en lui l’amour du prochain : or, "il manifeste tout sauf l'amour du prochain !"
Repli sur soi, narcissisme, fermeture… Le pharisien est l’exemple même d’une personne "en circuit fermé". "Il n'est pas ouvert, donc il ne va pas y avoir ce souffle qui va lui permettre de pouvoir vivre autre chose, de pouvoir se ressourcer, il n'y a aucune énergie qui est injectée dans son système et donc il est dans une attitude mortifère, il est en train de se décomposer petit à petit…"
À l'inverse, le publicain est dans une attitude d'humilité. On le voit se frapper la poitrine en signe de pénitence. "Il reconnaît sa faute, dit James Woody, il se sent indigne, en deçà de tout…" Qui n’a pas fait cette expérience d’une distance entre "ce que nous sommes supposés être et ce que nous sommes vraiment" ? Le pasteur nous dit que "c’est parce qu’il reconnaît ce décalage" que le publicain "va pouvoir recevoir de l’aide".
Ce texte nous enseigne un principe fondamental de la spiritualité chrétienne : la nécessité de reconnaître que nous avons besoin d’un autre que nous-même. "Luther disait : nous sommes tous des mendiants de la foi." Là où le pharisien est certain de n’avoir besoin de rien d’autre que lui-même, le publicain "sait qu’il a besoin de tout, qu’il n’est pas auto-fondé, qu’il tire son existence d’un autre que lui-même". On peut en méditant ce texte, reconnaître par exemple que nous avons besoin d’être aimés…
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